Compte rendu

Compte rendu de la conférence de Kim Dong-Choon « The National-division and “War-Politics” in Korea », 16 janvier 2020

Le centre Corée du département Chine, Corée, Japon de l’EHESS a accueilli cette année, en tant que professeur invité, le sociologue Kim Dong-Choon. L’auteur de The Unending Korean War, a Social History a été convié non seulement à communiquer sur ses travaux académiques, mais aussi à transmettre son expérience politique et engagée. De 2005 à 2009 il a été membre permanent de l’historique commission « paix et réconciliation ». Son engagement est l’aboutissement d’années de recherche sur les conséquences politiques et sociales de la guerre de Corée. Il a ainsi longuement étudié la question des massacres commis par les autorités sud-coréennes pendant la guerre (1948-1953) et les conséquences de la division du pays.

Kim Dong-Choon, The Unending Korean War, a Social History, traduit de l’anglais par Kim Sung-ok, Larkspur, E-U, Tamal Vista Publication, 338 p.

Sa première conférence, donnée à l’occasion du séminaire d’Alain Delissen « Histoire de la Corée moderne : transitions historiographiques ? » le jeudi 16 janvier 2020, portait comme titre : « The National-division and “War-Politics” in Korea ».

Avant la division, dans ce qui deviendra la Corée du Sud, la première République de 1948 cherche à promouvoir le système démocratique et capitaliste grâce à une large réforme agraire qui marque la quasi-disparition des propriétaires terriens. Cet embryon d’État-providence est immédiatement annihilé par l’éclatement de la guerre de Corée. Kim Dong-Choon souligne à ce propos l’écart sémantique qui dissimule sous « Corée » la dimension globale du conflit. Au fil de ses recherches, il a montré comment cet affrontement global est à l’origine de l’économie de guerre permanente qui règne encore dans l’organisation sociale, au nord comme au sud de la péninsule. La volonté des États-Unis de faire du Japon un partenaire commercial a empêché toute véritable punition des crimes de guerre commis par le pays. Le processus de libération a été remplacé par la guerre froide, comme continuation de la période coloniale.

À la suite de la division nationale, les mouvements socialistes et socio-démocrates ont disparu du paysage politique sud-coréen au nom de la lutte anticommuniste. La persécution systématique des communistes a marqué la dissolution du système de solidarité sociale à peine installée et la disparition des sociétés civiles. Au cours de la guerre froide, l’influence américaine a définitivement associé le concept de démocratie au capitalisme. Ne perdure plus que le système dit de « war-politic », pour lequel l’opposant politique ne peut être que l’ennemi. Tout compromis politique est annihilé. Jusqu’à aujourd’hui, la politique en Corée du Sud est définie par la généralisation, dans tous les aspects de la vie quotidienne, de la suspicion, la surveillance et la préparation à la guerre.

En conclusion Kim Dong-Choon est revenu sur les récentes évolutions observées dans les styles de manifestations en Corée du Sud, mais aussi à Hong-kong et au Chili. Ces mouvements, à l’apparence festive, reposent largement sur les réseaux sociaux et leurs participants ne sont pas regroupés autour d’organisations syndicales. Pour Kim Dong-choon ces mouvements se manifestent en l’absence d’une représentation étatique intermédiaire entre le gouvernement et ses citoyens et il est surtout le fruit de la culture néo-libérale.

Marion Delarche
Doctorante en littérature coréenne à l’EHESS
Pour le Réseau des Études sur la Corée
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Academy of Korean studies Inalco Université Paris Diderot-Paris 7 EHESS