Le vendredi 14 juin 2019, l’Université Paris Diderot a accueilli la 2e Journée d’atelier de didactique du coréen : le coréen oral, organisée par la section d’études coréennes de l’UFR Langues et Civilisations de l’Asie Orientale, avec le concours du RESCOR. La journée a réuni une trentaine de personnes dont la plupart sont des enseignants de coréen dans le secondaire ou dans le supérieur, autour de six interventions, entrecoupées par un déjeuner-buffet coréen offert par le RESCOR, et suivies d’une discussion générale.
Pour commencer, Kim Jin-Ok (Université Paris Diderot) ouvre la journée en rappelant le format des interventions, à savoir un exposé de trente minutes suivi de quinze minutes d’interactions dynamiques avec le public, puis elle donne la parole aux premières intervenantes.
Isabelle Lallemand (Télécom ParisTech) et Soyoung Yun-Roger (Université Paris Diderot) présentent leurs résultats croisés issus de leurs expérimentations respectives d’échanges synchrones par visioconférence en tandem, chinois-français et coréen-français. A travers les retours d’expérience des apprenants et des enseignantes, elles synthétisent les intérêts des dispositifs hybrides d’enseignement de l’oral incluant une plateforme d’échanges linguistiques, et les points d’attention dans leur mise en oeuvre. Elles concluent en mettant en garde contre les dangers du technocentrisme, associés à toute tentative d’intégration des TICE dans l’enseignement/apprentissage.
La journée se poursuit avec l’intervention de Jeaong AeRan (INALCO), qui décrit en détail les méthodes qu’elle emploie pour rendre plus attrayants et interactifs ses cours de conversation. Elle met notamment l’accent sur l’importance d’intégrer dans l’enseignement de l’oral la dimension non verbale (le regard, le rythme, la vitesse de la parole, etc.) à côté de la dimension verbale, afin de permettre une communication plus efficace. Jeaong AeRan présente également différents types de supports audiovisuels qu’elle exploite en classe, en complément du manuel officiel, avant de montrer le potentiel pédagogique de certaines vidéos postées par des youtubers individuels.
Shin Jungha (Université Paris Diderot) décrit la façon dont elle enseigne le lexique dans son cours de conversation : par exemple, le son des mots à apprendre est présenté systématiquement avant leur orthographe ; puis elle expose les fonctions et les bénéfices de l’application Quizlet, dont l’utilisation en cours a d’ailleurs été très favorablement accueillie par les étudiants. A titre de démonstration, elle invite le public à expérimenter l’outil, au moyen d’un jeu de devinettes, ce qui n’a pas manqué d’animer le public et la salle.
Après la pause déjeuner, la séance de l’après-midi débute avec la communication de Kang Miran (Lycée François Magendie). L’intervenante partage ses expériences d’exploitation pédagogique d’applications telles que Kahoot, de vidéos Youtube et de mini-vidéos qu’elle crée elle-même en se mettant en scène, dans le but d’introduire une dimension ludique dans son cours de LV3, ce qui contribue à maintenir l’intérêt des lycéens pour ce cours optionnel.
La journée s’est poursuivie avec deux interventions portant sur l’analyse des erreurs à l’oral observées chez les apprenants à l’université.
D’abord, Rim Jeong Eun (Aix-Marseille Université) expose un inventaire des erreurs fréquentes d’ordre phonétique, lexical et grammatical qu’elle a observées chez les étudiants français. Elle tente de les expliquer par des phénomènes d’interférences avec les langues précédemment acquises, et propose qu’au lieu de commencer directement par expliquer aux étudiants le fonctionnement d’une langue cible, on leur fournisse d’abord l’occasion de réfléchir sur leur propre langue maternelle ou sur leurs autres langues précédemment appropriées.
Tak Seolmin (Université Paris Diderot), quant à elle, se concentre plus particulièrement sur les erreurs grammaticales. En analysant la production orale d’une centaine d’apprenants de niveau débutant à travers la typologie classique des erreurs (substitution, omission, ajout), elle nous fait part de quelques erreurs typiques de substitution (-e vs. –eseo, par ex.), d’omission (-eul/reul, par ex.) et d’ajout (la répétition de –e, inutile, par ex.). Elle reporte également une tendance nette chez les étudiants à se contenter de produire des phrases courtes et simples, en évitant les structures complexes, qu’elle interprète comme une stratégie visant à minimiser les risques d’erreurs lors des évaluations.
Lors de la discussion générale, qui a duré une quarantaine de minutes, à propos de l’état des lieux de l’enseignement du coréen en France, grâce à la présence de collègues de différents établissements supérieurs (Université Paris Diderot, INALCO, Université Bordeaux Montaigne, Université Jean Moulin Lyon 3, Aix-Marseille Université, Université de La Rochelle, et Université Le Havre Normandie), un constat partagé a pu être dressé : le nombre de candidats désireux d’apprendre la langue et la culture coréennes s’accroît d’année en année, dépassant souvent très largement le nombre de places ouvertes.
La journée de cette 2e édition de l’atelier de didactique du coréen s’est terminée vers 17h. Les participants se sont quittés en se donnant rendez-vous pour une prochaine édition.