Atelier de traduction : 양반전(兩班傳)

Texte original:

 

兩班傳
 

 

兩班者,士族之尊稱也。旌善之郡,有一兩班,賢而好讀書。每郡守新至,必親造其廬而禮之。然家貧,歲食郡糶,積歲至千石。觀察使巡行郡邑,閱糶糴,大怒曰:“何物兩班,乃乏軍興?” 命囚其兩班。郡守意哀其兩班貧,無以爲償,不忍囚之,亦無可柰何。兩班日夜泣,計不知所出。其妻罵曰 : “生平子好讀書。無益縣官糴。咄兩班,兩班不直一錢!”其里之富人,私相議曰:“兩班雖貧,常尊榮。我雖富,常卑賤,不敢騎馬。見兩班則跼蹜屛營,匍匐拜庭,曳鼻膝行。我常如此,其僇辱也。今兩班貧不能償糴,方大窘。其勢誠不能保其兩班,我且買而有之。” 遂踵門而請償其糴。兩班大喜許諾。於是富人立輸其糴於官。郡守大驚異之,自往勞其兩班,且問償糴狀。兩班氈笠,衣短衣。伏塗謁稱小人,不敢仰視。郡守大驚,下扶曰:“足下何自貶辱若是 ?” 兩班益恐懼頓首俯伏曰:“惶悚,小人非敢自辱。已自鬻其兩班,以償糴。里之富人,乃兩班也。小人復安敢冒其舊號而自尊乎?”郡守歎曰:“君子哉富人也!兩班哉富人也!富而不吝,義也。急人之難,仁也。惡卑而慕尊,智也。此眞兩班。雖然,私自交易而不立券,訟之端也。我與汝,約郡人而證之,立券而信之。郡守當自署之。”於是郡守歸府,悉召郡中之士族及農工商賈,悉至于庭。富人坐鄕所之右,兩班立於公兄之下。乃爲立券曰:“乾隆十年九月日,右明文段,賣兩班爲償官糓,其直千斛。維厥兩班,名謂多端,讀書曰士,從政爲大夫,有德爲君子。武階列西,文秩叙東,是爲兩班。任爾所從。絶棄鄙事,希古尙志。五更常起,點硫燃脂,目視鼻端,會踵支尻。《東萊博議》,誦如氷瓢。忍饑耐寒,口不說貧,叩齒彈腦,細嗽嚥津,袖刷毳冠,拂塵生波,盥無擦拳,漱口無過,長聲喚婢,緩步曳履。《古文眞寶》,《唐詩品彙》,鈔寫如荏,一行百字。手毋執錢,不問米價,暑毋跣襪,飯毋徒髻,食毋先羹,歠毋流聲,下箸毋舂,毋餌生葱,飮醪毋嘬鬚,吸煙毋輔窳,忿毋搏妻,怒毋踢器,毋拳敺兒女,毋詈死奴僕。叱牛馬,毋辱鬻主。病毋招巫。祭不齋僧。爐不煑手。語不齒唾。毋屠牛。毋賭錢。凡此百行有違,兩班持此文記,卞正于官。城主旌善郡守押,座首別監證署。” 於是通引搨印錯落,聲中嚴皷,斗縱參橫。戶長讀旣畢,富人悵然久之曰:“兩班只此而已耶?吾聞兩班如神仙。審如是,太乾沒,願改爲可利。”  於是乃更作券曰 : “維天生民,其民維四。四民之中,最貴者士,稱以兩班,利莫大矣。不耕不商,粗涉文史,大决文科,小成進士。文科紅牌,不過二尺,百物備具,維錢之槖。進士三十,乃筮初仕,猶爲名蔭,善事雄南。耳白傘風,腹皤鈴諾,室珥冶妓,庭糓鳴鶴。窮士居鄕,猶能武斷,先耕隣牛,借耘里氓。孰敢慢我,灰灌汝鼻,暈髻汰鬢,無敢怨咨。” 富人中其券而吐舌曰:“已之已之。孟浪哉!將使我爲盜耶?” 掉頭而去,終身不復言兩班之事。

Traduction(s)

L’histoire d’un yangban

Texte original

Traduction

兩班傳

 

兩班者,士族之尊稱也。旌善之郡,有一兩班,賢而好讀書。每郡守新至,必親造其廬而禮之。然家貧,歲食郡糶,積歲至千石。觀察使巡行郡邑,閱糶糴,大怒曰:

L’histoire d’un yangban

 

Le terme « yangban » est l’appellation honorifique des membres de l’élite[A1]. Dans le district de Chŏngsŏn[A2], il y avait un de ces yangban plein de sagesse et aimant s’adonner à l’étude[A3]. Les magistrats nouvellement nommés ne manquaient jamais de se rendre en personne à sa petite chaumière pour lui présenter leurs respects. La famille du yangban était cependant très pauvre, et ce dernier devait emprunter tous les ans du grain aux autorités locales. Avec le temps, il en vint à accumuler une dette d’un millier de sŏk[A4].

 

Lorsque le gouverneur effectua [un jour] la tournée des localités de sa province, il examina le registre des comptes et entra dans une grande colère :

 

“何物兩班,乃乏軍興?” 命囚其兩班。郡守意哀其兩班貧,無以爲償,不忍囚之,亦無可柰何。兩班日夜泣,計不知所出。其妻罵曰 : “生平子好讀書。無益縣官糴。咄兩班,兩班不直一錢!”其里之富人,私相議曰:“兩班雖貧,常尊榮。我雖富,常卑賤,不敢騎馬。

 

« Mais qu’est-ce que c’est que yangban s’approvisionnant dans les réserves destinées à l’armée[A5] ? »

 

Et le gouverneur d’ordonner son arrestation. Le magistrat était ému de pitié pour le pauvre yangban, mais il n’eut d’autre alternative que de le mettre en prison[A6]

 

Le yangban pleura jour et nuit, ne sachant comment se dépêtrer de cette situation. Son épouse, en grande colère, lui reprocha :

 

« Tu as consacré toute ta vie à l’étude, mais cela ne présente aucune utilité pour rembourser cette dette auprès des autorités. Pff ! Ces yangban, ils ne valent vraiment pas un sou ! »

 

Le riche homme du village s’entretint alors avec sa famille et leur dit :

 

« Un yangban a beau être pauvre, il bénéficie toujours de grandes marques de respect. Quant à moi, je suis certes fortuné, mais je me conduis toujours avec la plus grande humilité et n’ose pas même monter à cheval[A7]

 

見兩班則跼蹜屛營,匍匐拜庭,曳鼻膝行。我常如此,其僇辱也。今兩班貧不能償糴,方大窘。其勢誠不能保其兩班,我且買而有之。” 遂踵門而請償其糴。兩班大喜許諾。於是富人立輸其糴於官。郡守大驚異之,自往勞其兩班,且問償糴狀。兩班氈笠,衣短衣。伏塗謁稱小人,不敢仰視。

Lorsque j’aperçois un yangban, je courbe la tête et marche nerveusement à petits pas pour aller me prosterner devant lui comme face à un fonctionnaire. Et me voilà nez contre terre, à ramper sur les genoux devant lui. J’ai fait maintes fois l’expérience de cette humiliation. Aujourd’hui, ce miséreux yangban n’est pas en mesure de rembourser son dû, puisqu’il se trouve réduit à la plus grande pauvreté. Dans ces circonstances, il est bien incapable de préserver son statut de yangban. Je vais donc en faire l’acquisition. »

 

Le riche homme alla donc rendre visite au yangban qui, transporté de joie, accepta bien volontiers l’offre de liquidation de sa dette. Le premier livra alors sans tarder le volume de grains correspondant aux autorités. Le magistrat trouvant la chose bien étrange, il décida d’aller voir en personne le yangban pour le complimenter de ce rachat, mais aussi l’interroger plus en avant sur l’affaire. Le yangban était alors vêtu d’un petit chapeau de feutre et de vêtements courts[A8]. Il se prosterna contre terre en se désignant comme un homme de peu et n’osa regarder le magistrat de face.

 

郡守大驚,下扶曰:“足下何自貶辱若是 ?” 兩班益恐懼頓首俯伏曰:“惶悚,小人非敢自辱。已自鬻其兩班,以償糴。里之富人,乃兩班也。小人復安敢冒其舊號而自尊乎?”郡守歎曰:“君子哉富人也!兩班哉富人也!富而不吝,義也。急人之難,仁也。惡卑而慕尊,智也。此眞兩班。雖然,私自交易而不立券,訟之端也。

Ce dernier, stupéfait, l’aida alors à se relever et lui dit : 

 

« Pourquoi Monsieur[A9] s’humilie-t-il de la sorte ? »

 

Le yangban encore plus apeuré lui répondit avec une grande prosternation :

 

« Pardonnez ma confusion[A10]. L’homme de peu que je suis n’oserait certainement pas se dénigrer. J’ai simplement vendu mon titre de yangban pour rembourser mes dettes. C’est à présent le riche homme du village qui détient ce titre. Comment pourrais-je donc reprendre cet ancien statut sans perdre ma dignité ? »

 

– Quel être plein d’humanisme, ce riche homme ! s’exclama le magistrat. Quel yangban, ce riche homme ! Être nanti sans faire preuve d’avarice, c’est ce qui est juste. Aider des personnes dans le besoin, c’est posséder la vertu d’humanité[A11]. Rejeter toute conduite vile et rechercher la noblesse, c’est la marque même de la sagesse. Voilà ce qu’est un vrai yangban. Toutefois, vous avez effectué une transaction privée sans établir de contrat, ce qui pourrait devenir la source d’un litige.

 

我與汝,約郡人而證之,立券而信之。郡守當自署之。”於是郡守歸府,悉召郡中之士族及農工商賈,悉至于庭。富人坐鄕所之右,兩班立於公兄之下。乃爲立券曰:“乾隆十年九月日,右明文段,??? 賣兩班爲償官糓,其直千斛。

Je vais donc rassembler pour vous les gens du district afin d’être les témoins de l’acte que nous allons établir. Il s’en trouvera ainsi légitimé et c’est moi qui apposerai ma signature en tant que magistrat de cette juridiction.

 

Le fonctionnaire retourna alors à sa résidence et convoqua tous les lettrés et fonctionnaires, ainsi que les paysans, artisans et marchands qui se réunirent au tribunal. Le riche homme s’assit à droite des conseillers de district, et le yangban resta debout, au pied des clercs supérieurs[A12]. Le magistrat établit alors ce contrat :

 

« Aujourd’hui, dans le 9e mois de la 10e année de Qianlong[A13]Le contrat suivant stipule la vente du titre de yangban en remboursement de la dette contractée auprès du gouvernement pour une valeur de 1000 kok de grains[A14]

 

維厥兩班,名謂多端,讀書曰士,從政爲大夫,有德爲君子。武階列西,文秩叙東,是爲兩班。任爾所從。絶棄鄙事,希古尙志。五更常起,點硫燃脂,目視鼻端,會踵支尻。《東萊博議》,誦如氷瓢。忍饑耐寒,口不說貧,叩齒彈腦,細嗽嚥津,袖刷毳冠,

Le terme de « yangban » possède plusieurs significations : ceux qui s’adonnent à l’étude sont qualifiés de « lettrés », ceux qui poursuivent une carrière dans l’administration sont appelés « fonctionnaires », et ceux qui possèdent la vertu sont nommés « hommes de bien ». Les fonctionnaires militaires se tiennent à l’ouest et les fonctionnaires civils à l’est, d’où le terme « yangban », les deux classes[A15]

 

Le yangban effectue les tâches qui lui sont assignées. Il méprise et rejette tout acte vil tandis qu’il vénère les enseignements des anciens. Il se lève toujours à la cinquième veille[A16] et allume une lampe à huile avec du soufre. Ses yeux restent fixés sur le bout de son nez et il se tient en position accroupie, les talons serrés. Il sait réciter le Vaste commentaire de Donglai [sur le Zuozhuan][A17] avec une grande aisance, aussi facilement que glisse une calebasse sur la glace. Il endure la faim et le froid, mais n’évoque jamais sa pauvreté. Il grince des dents et se tapote la tête. Il tousse avec retenue et avale ses glaires[A18] l’époussète pour lui donner un aspect duveteux.

 

拂塵生波,盥無擦拳,漱口無過,長聲喚婢,緩步曳履。《古文眞寶》,《唐詩品彙》,鈔寫如荏,一行百字。手毋執錢,不問米價,暑毋跣襪,飯毋徒髻,食毋先羹,歠毋流聲,下箸毋舂,毋餌生葱,飮醪毋嘬鬚,

Il se lave les mains sans se frotter les poignets et se rince la bouche pour éviter toute haleine malodorante. Il hèle ses domestiques d’une voix interminable et marche à pas mesurés. Il copie Le véritable trésor des lettres anciennes et L’anthologie des poèmes des Tang avec une écriture aussi minuscule que des graines de pérille, alignant cent caractères sur chaque ligne[A19]

 

Un yangban ne porte jamais d’argent sur lui et ne s’enquiert pas du coût du riz. Il est tenu de ne pas retirer ses chaussettes au moment des grandes chaleurs et de ne pas exposer son chignon lorsqu’il est à table[A20]. Il ne commence jamais son repas par la soupe et s’interdit de déglutir en faisant grand bruit. Il s’abstient d’écraser la nourriture avec ses baguettes et de manger de la ciboule crue. Il ne lèche jamais sa barbe après avoir bu de l’alcool non filtré[A21] et n’aspire pas des deux joues quand il fume.

 

吸煙毋輔窳,忿毋搏妻,怒毋踢器,毋拳敺兒女,毋詈死奴僕。叱牛馬,毋辱鬻主。病毋招巫。祭不齋僧。爐不煑手。語不齒唾。毋屠牛。毋賭錢。凡此百行有違,兩班持此文記,卞正于官。城主旌善郡守押,座首別監證署。”

Il ne doit ni battre son épouse ni casser la vaisselle s’il est pris de colère ou d’énervement. Il ne frappe jamais ses enfants et s’interdit de réprimander à l’excès ses domestiques. S’il peste sur un cheval ou un bœuf, il ne doit pas adresser de reproches à l’ancien propriétaire qui lui a vendu l’animal. Il ne fait jamais appel à des chamanes pour soigner une maladie. Il ne saurait par ailleurs faire appel à des moines pour un sacrifice aux ancêtres[A22]Il ne se réchauffe jamais les mains près d’un poêle et ne postillonne pas en parlant. Il s’interdit d’abattre des bœufs avec ses propres mains et ne se laisse pas aller à des jeux d’argent[A23]

 

Si le détenteur du contrat enfreint l’une des règles de comportement susmentionnées, tout yangban peut engager des poursuites auprès des autorités sur la base de ce document.

 

Le magistrat du district de Chŏngsŏn, ayant autorité sur la ville (signature)

Le conseiller et le vice-conseiller, témoins de l’acte (signatures[A24]) »

於是通引搨印錯落,聲中嚴皷,斗縱參橫。戶長讀旣畢,富人悵然久之曰:“兩班只此而已耶?吾聞兩班如神仙。審如是,太乾沒,願改爲可利。”  

Un clerc domestique[A25] apposa alors les sceaux ici et là, tel un roulement de tambour. Ces derniers ressemblaient à la forme de la Grande Ourse retournée et d’Orion à l’horizontal[A26]. Le clerc comptable[A27] lut ensuite le texte à haute voix pour clore la cérémonie. Le riche homme était consterné et ce ne fut qu’après un long moment qu’il prit la parole :

 

« Un yangban, ce n’est donc rien de plus que cela ? J’avais pourtant entendu dire qu’un yangban était semblable à un immortel taoïste. S’il en est vraiment ainsi, je crie à l’escroquerie et exige une modification du contrat à mon avantage. »

 

於是乃更作券曰 : “維天生民,其民維四。四民之中,最貴者士,稱以兩班,利莫大矣。不耕不商,粗涉文史,大决文科,小成進士。文科紅牌,不過二尺,百物備具,維錢之槖。進士三十,乃筮初仕,猶爲名蔭,善事雄南。耳白傘風,腹皤鈴諾,

L’acte fut donc réécrit comme suit :

 

« Le Ciel a donné naissance au peuple qui se divise en quatre classes[A28]Parmi ces dernières, la plus éminente est celle des lettrés qu’on appelle « yangban ». Elle surpasse toutes les autres en matière de privilèges. Le yangban ne cultive pas la terre et ne s’engage pas dans le commerce. Avec une connaissance grossière des lettres et de l’histoire, il peut réussir le prestigieux concours du doctorat ou, plus modestement, se contenter de celui de la licence. Le diplôme rouge de réussite au doctorat ne mesure pas plus de deux pieds[A29]mais il pourvoit son détenteur de tout ce dont il aurait besoin et il lui tient lieu de bourse.

 

Une fois lauréat de la licence, le lettré entre dans la carrière administrative à l’âge de trente ans. Il peut en outre devenir un éminent fonctionnaire par protection et servir les plus illustres membres de l’ordre méridional[A30]Ses oreilles restent pâles sous le parasol caressé par le vent[A31]. Son ventre bedonnant est le fruit de domestiques obéissants.

 

室珥冶妓,庭糓鳴鶴。窮士居鄕,猶能武斷,先耕隣牛,借耘里氓。孰敢慢我,灰灌汝鼻,暈髻汰鬢,無敢怨咨。” 富人中其券而吐舌曰:“已之已之。孟浪哉!將使我爲盜耶?” 掉頭而去,終身不復言兩班之事。

Ses appartements logent des courtisanes aguichantes toutes parées de boucles d’oreille en jade​​​​​​​[A32]. Et de sa cour intérieure il nourrit de graines les grues chantantes.

 

Même un pauvre lettré vivant à la campagne peut agir arbitrairement, comme bon lui semble. Il est le premier à faire labourer ses champs avec le bœuf du voisinage et il emploie les gens du village pour désherber ses terres.

 

À qui oserait manquer de respect à moi, yangban, je déverse des cendres dans tes narines, empoigne ton chignon jusqu’à te faire défaillir et t’arrache les favoris sans que personne n’ait l’audace de protester… »

 

Le riche homme interrompit la lecture et tira la langue :

 

«  Assez ! Assez ! Tout cela est grotesque ! Vous voulez donc faire de moi un escroc ? »

 

Il détourna alors la tête et s’en fut. Et jusqu’à la fin de ses jours, il n’évoqua plus jamais l’idée de se faire yangban.

 

Notes

  1. ^ Sajok 士族, littéralement « clan des lettrés ». Sur ce terme, voir nos explications en introduction.
  2. ^ District de 1e classe (kun 郡) situé dans la province du Kangwŏn. 
  3. ^ On retrouve ici deux des principaux éléments censés caractériser les membres de l’élite lettrée en Corée et en Chine jusqu’au XIXe siècle.
  4. ^ Certaines estimations laissent penser que mille sôk 石 correspondaient grosso modo aux revenus annuels d’un riche cultivateur aux XVIIe-XVIIIe siècles. Rappelons qu’un sôk équivaut à environ un hectolitre. Cf. Park 2007 : 130.
  5. ^ Les greniers gouvernementaux ne servaient pas seulement à prêter des grains avec intérêt, mais aussi à payer les soldats en riz. La célèbre mutinerie de l’armée stationnée à Séoul en 1882 (Imo kullan 壬午軍亂), qui résulta de soldes arriérés et finalement distribués en riz mélangé avec du sable, nous rappelle qu’il en était encore ainsi à la fin du XIXe siècle.
  6. ^ La prison n’était pas une peine mais servait à retenir les coupables d’un délit ou d’un crime jusqu’à la fin de leur jugement. Au-delà d’un certain montant, l’incapacité à rembourser une dette contractée auprès des autorités conduisait les gens du peuple à être réduits en esclavage et les fonctionnaires à être envoyés en exil. Les textes de loi ne précisent pas la peine s’il s’agit d’un yangban miséreux. Cf. Soktaejôn 2 : 23a (徵債).
  7. ^ Il existait un interdit pour les gens du peuple de monter à cheval, mais il n’était valable que dans la capitale. Cf. Kyŏngguk taejŏn 5 : 8a.
  8. ^ Les petits chapeaux et vêtements courts étaient l’accoutrement typique des personnes appartenant aux basses classes de la société. Inversement, les larges chapeaux et vêtements amples étaient l’apanage de l’élite.
  9. ^ Chok’a 足下, « vous ou Monsieur », servait à s’adresser de manière respectueuse à un supérieur ou à une personne de la même génération.
  10. ^ Hwangsong 惶悚. Formule de déférence qu’on utilisait en Corée pour s’adresser à un fonctionnaire ou, au sein de la bureaucratie, à un supérieur.
  11. ^ In 仁, concept confucéen qui caractérise l’homme de bien (kunja 君子). L’« être plein d’humanisme » évoqué juste au-dessus fait justement référence à un tel homme. 
  12. ^ Le magistrat siégeait toujours dans sa résidence, en hauteur face aux parties impliquées dans une affaire. Il était assisté de plusieurs membres d’un conseil de district (hyangso 鄕所) dont les titres figurent à la fin de l’acte (cf. infra). À l’image du magistrat qui incarnait le roi dans sa juridiction, ces conseillers représentaient symboliquement les trois présidents du Grand Conseil d’État. Les « clercs supérieurs » (konghyŏng 公兄), constituaient quant à eux trois autres assistants essentiels des fonctionnaires : le clerc des fonctionnaires civils (ibang 吏房), le clerc comptable (hojang 戶長) et un troisième dont le titre variait selon les régions.
  13. ^ 1745. L’empereur Qianlong régna sur la Chine des Qing de 1736 à 1795. Tous les contrats officiellement émis à l’époque du Chosôn étaient datés en ères chinoises, en signe de soumission à l’État suzerain dont la Corée recevait tous les ans le calendrier. Le contrat dressé dans notre nouvelle reprend la phraséologie des actes de vente de l’époque, à ceci près que son contenu prête à rire. 
  14. ^ Kok 斛, terme équivalent au sŏk que nous avons croisé au début du récit.
  15. ^ Lors des audiences à la cour royale, les fonctionnaires militaires se tenaient toujours à l’ouest du souverain et les fonctionnaires civils à l’est.
  16. ^ La 5e veille désigne le point du jour, habituellement entre 3h et 5h du matin.
  17. ^ Donglai [Zuo shi] boyi 東萊[左氏]博議. Titre d’un célèbre traité sur le Zuozhuan 左傳 (Commentaire de Zuo) par Lü Zuqian呂祖謙 (1137-1181) dont « Maître Donglai » 東萊先生 était le nom de plume. Lü était un ami de Zhu Xi et il fut l’un des premiers à diffuser le néoconfucianisme. Son ouvrage fut étudié en Corée pendant des siècles par les candidats aux concours de la fonction publique.
  18. ^ Grincer des dents, se tapoter l’occiput et avaler ses glaires étaient quelques unes des techniques taoïstes de longue vie. Ces dernières apparaissent dans un ouvrage attribué à Zhu Quan 朱權 (1378–1448), les Méthodes spirituelles pour fournir l’énergie vitale (Huoren xinfa 活人心法), dont une version coréenne (Hwarin simbang 活人心方) fut établie par le célèbre Yi Hwang 李滉 au XVIe siècle. Pak Chiwôn dit lui-même les pratiquer dans son Journal de voyage à Jehol. Cf. Yônam chip 11 : 28a.
  19. ^ Le véritable trésor des lettres anciennes (Guwen zhenbao 古文眞寶) est un recueil de textes de l’antiquité chinoise aux Song (960-1279), établi par un certain Huang Jian 黃堅 au XIIIe ou XIVe siècle. L’ouvrage semble avoir connu une moins grande diffusion en Chine que dans le reste de l’Asie orientale. C’est d’ailleurs en Corée où il connut sa plus grande fortune, puisqu’il constitua l’un des manuels utilisés dans les écoles de village (sôdang 書堂) jusqu’au XIXe et fit l’objet de multiples rééditions, avec annotations ou même en alphabet vernaculaire. Quant à L’anthologie des poèmes des Tang (Tangshi pinhui 唐詩品彙), elle a été compilée en 1393 par Gao Bing 高棅 (1350-1423) et rassemble pas moins de 5769 poèmes par 620 auteurs.
  20. ^ Les chaussettes coréennes (pŏsŏn 버선) étaient faites d’une étoffe assez épaisse et convenaient peu à la saison estivale, chaude et humide. Par ailleurs, les hommes une fois mariés relevaient leurs cheveux (qu’ils ne coupaient pas) sur le sommet de la tête pour former un chignon (sangt’u 상투). 
  21. ^ Les Coréens consomment depuis de nombreux siècles plusieurs types d’alcool non filtrés qui présentent un caractère laiteux. Le plus connu s’appelle le makkŏlli 막걸리.
  22. ^ Le statut des spécialistes religieux était dévalorisé à l’époque du Chosŏn, et il n’était en effet pas convenable pour un yangban de recourir à des chamanes et moines bouddhistes pour des services médicaux ou funéraires. La réalité était pourtant bien différente. Des chamanes étaient même introduites secrètement jusque dans les palais royaux pour répondre aux besoins de la famille du souverain. 
  23. ^ Cette longue liste d’interdits n’est ni vraie ni fausse. Elle témoigne d’une certaine étiquette dans la vie quotidienne en insistant sur le caractère risible de certaines pratiques. Mais elle dresse surtout un inventaire de faits et gestes très communs au sein du petit peuple et des basses classes. L’abattage des animaux était par exemple réservé à une catégorie de quasi parias, les paekchŏng 白丁.
  24. ^ Le « conseiller » (chwasu 座首)  et le « vice-conseiller » (pyŏlgam 別監) étaient les deux principaux membres des conseils de district (hyangso 鄕所). Par ailleurs, les contrats de vente à l’époque du Chosŏn portaient habituellement une signature manuscrite et/ou un sceau officiel de l’autorité. 
  25. ^ Tong’in 通引. Ce sont des domestiques attachés au service des fonctionnaires pour effectuer diverses tâches, notamment d’ordre administratif. Leur appellation différait selon les provinces —tong’in n’était utilisé que dans le Kyǒnggi et le Kangwǒn — et il en allait de même pour leur origine : en fonction des régions, il pouvait s’agir de fils de fonctionnaires ou de clercs, voire même d’esclaves publics s’étant portés volontaires pour cette charge.
  26. ^ Pak Chiwŏn détourne ici le proverbe « La Grande Ourse a tourné et Orion est horizontal » (tujŏn samhoeng 斗轉參橫) qui désigne habituellement l’aube allant paraître.
  27. ^ Comme indiqué plus haut (cf. note 15), le clerc comptable est l’un des trois « clercs supérieurs ». 
  28. ^ Les lettrés, les paysans, les artisans et les marchands.
  29. ^ Un ch’ŏk 尺 correspondait à 33 cm.
  30. ^ Les « fonctionnaires par protection » (ŭm’gwan 蔭官) désignaient les fils et petits-fils de fonctionnaires éminents qui accédaient à la carrière administrative sans passer les concours. Ils étaient considérés comme formant « l’ordre méridional » (namhaeng 南行), à côté des fonctionnaires civils qui constituaient eux l’ordre oriental et les fonctionnaires militaires l’ordre occidental (cf. supra). Yi Kawôn et bien d’autres traducteurs après lui ont cru voir dans le sinogramme « méridional » (nam 南) une allusion à la faction politique des sudistes (Namin 南人), ce qui est peu convainquant. 
  31. ^ Les fonctionnaires en déplacement dans leur palanquin étaient abrités sous un parasol.
  32. ^ Chaque juridiction, même dans les simples districts, avait son lot de courtisanes ou dames d’agrément (kisaeng 妓生) au service des fonctionnaires.
   

Autour du texte:

Quelques mots d’introduction

 

 

« L’histoire d’un yangban(N1) » constitue avec « L’histoire du lettré Hŏ » l’une des deux nouvelles les plus célèbres de Pak Chiwŏn (1737-1805) (N2). Elle est généralement considérée comme l’un des plus beaux exemples de ces œuvres de la tradition littéraire coréenne où s’exprime l’insatisfaction de l’ordre social existant et la volonté de changement. Les historiens de la littérature font volontiers remonter cette tradition au début du XVIIe siècle avec « L’histoire de Hong Kiltong ». 

 

La nouvelle met en scène un lettré qui réside à Chŏngsŏn, un district reculé de la province montagneuse du Kangwôn. L’homme est respecté pour son statut de yangban (membre de l’élite), mais il est si pauvre qu’il vit dans une modeste chaumière et doit emprunter tous les ans son riz dans les greniers de l’administration. Au fil des ans, sa dette devient considérable. Mais le gouverneur provincial découvre un jour les faits et met le yangban en prison. Un homme du village, fortuné mais issu du petit peuple, offre de racheter sa dette en échange du statut tant prisé de yangban. Le magistrat local s’inquiète alors de la validité de l’accord négocié à titre privé et décide de valider l’anoblissement par un contrat établi de manière officielle, au su et vu de tous les habitants du district. L’acte détaille toutes les règles d’étiquette et les devoirs (souvent risibles) auxquels le yangban doit se soumettre dans sa vie quotidienne. Le riche homme en est stupéfait et demande une révision du texte dans un sens plus avantageux. Le magistrat lui compose alors un nouveau contrat faisant état des privilèges arrogés aux yangban. Mais l’homme est atterré des maigres droits conférés à ce statut et s’en va sans demander son reste. 

  Contrat de vente d’un terrain daté de 1787. L’acte établi dans « L’histoire d’un yangban » en reproduit la forme, avec un contenu toutefois bien différent. (Archives du Changsŏgak. http://jsg.aks.ac.kr/)

 


 

Plusieurs éléments sont nécessaires pour mieux saisir l’intérêt de l’histoire. Le terme yangban désignait à l’origine, à l’époque du Koryŏ (918-1392), les deux classes de fonctionnaires civils et militaires. Il en resta ainsi jusqu’au milieu du Chosŏn (1392-1897). Mais par la suite, yangban en vint à qualifier la couche sociale dominante et supérieure, celle des lettrés. C’est de cette dernière qu’était issue la grande majorité des fonctionnaires en poste au sein de la bureaucratie étatique. Ces familles privilégiées étaient également connues sous le nom de sajok 士族, littéralement « clan des lettrés », un terme qui apparaît au début de notre nouvelle. Il n’existait cependant pas de définition légale de cette classe sociale. La notion de sajok resta donc ambiguë et sujette à l’interprétation de l’État en fonction de la situation du moment. Tout au plus peut-on dire qu’elle acquit progressivement un caractère quasi héréditaire, désignant une couche sociale supérieure dont les membres étaient issus de filiations qui avaient réussi à produire des hauts fonctionnaires sur plusieurs générations (N3)

 

Les yangban se trouvaient au sommet de l’ordre social du Chosôn. Toutefois, le système des statuts sociaux fut fragilisé par divers bouleversements dans la seconde moitié de la dynastie, ce dont témoigne notre nouvelle. Les simples gens du peuple, les esclaves et les gens vils (ch’ŏnin 賤人) tendirent à s’élever dans la hiérarchie sociale et à se rapprocher de l’élite. Mais contrairement à ce que raconte la nouvelle sur un ton satirique, il n’existait pas de contrat de vente pour acquérir légalement le titre de yangban. En revanche, deux moyens alternatifs permettaient à des gens du commun plus ou moins fortunés d’y parvenir, surtout à partir du XVIIe siècle. Une première méthode consistait à acheter un rang ou une charge de fonctionnaire pour soi-même ou un ancêtre via un brevet émis par le gouvernement. Le document était appelé kongmyŏngch’ŏp 空名牒, littéralement « certificat avec nomination en blanc », car il revenait aux autorités locales de remplir le nom du bénéficiaire. Le coût de ces brevets dépendait de divers facteurs, mais on peut dire qu’il s’étalait au milieu du XVIIe siècle entre 12 et 50 sôk 石 de grains (un sŏk équivalant grosso modo à un hectolitre) (N4). Par ailleurs, la falsification des généalogies était une autre méthode très usitée à la fin du Chosôn pour prétendre au statut de yangban. La conséquence fut une augmentation constante du nombre des yangban dans la seconde moitié de la dynastie, ce qui aboutit finalement à une dévalorisation de ce statut et à un malaise au sein de l’élite.

 

« L’histoire d’un yangban » reflète en outre la situation économique de la Corée au XVIIIe siècle. Une partie de l’élite était loin de vivre dans l’aisance, en particulier parmi les yangban s’adonnant à l’étude sans entrer dans la fonction publique. Un mémoire adressé au roi en 1791 évoque même le fait que les pauvres lettrés ne disposaient plus de revenus suffisants pour rendre un culte à leurs ancêtres, rite pourtant de première importance dans une société confucéenne. Inversement, cette période est aussi celle où émergea une nouvelle classe de marchands aisés qui pouvaient obtenir presque tout avec leur fortune et qui aspiraient à la seule chose qui leur manquait : une reconnaissance sociale avec le statut de yangban. Les historiens de la littérature débattent donc sur la question de savoir si Pak Chiwŏn voulut davantage critiquer cette élite oisive et condamner moralement l’ordre régnant ou plutôt blâmer l’attrait des gens du peuple et des nouveaux riches pour le statut de yangban.

 

Il faut encore préciser que l’économie monétaire était un fait très nouveau dans la Corée du XVIIIe siècle et que les grains (de riz ou d’autres céréales) restèrent le principal moyen de paiement en dehors de la capitale. En outre, un système de « prêt de grains » (hwan’gok 還穀) issus des greniers gouvernementaux permettait de soulager la population lors de pénuries de céréales au printemps. Le remboursement s’effectuait après la récolte suivante. À partir du XVIe siècle, un taux d’intérêt fixé à 10% servit à accroître les recettes de l’État, tant et si bien que, deux siècles plus tard, presque tous les bureaux de l’administration, à la capitale et dans les provinces, prêtaient leurs réserves de grains pour collecter des fonds (N5). Ce système visait ordinairement à offrir des secours aux gens du peuple, mais Pak Chiwŏn choisit à dessein un lettré sans le sou pour mieux rappeler les déboires des membres supposés de l’élite.

 

Au-delà de ces quelques considérations, que sait-on finalement sur le contexte de la rédaction de cette nouvelle ? Pak Chiwŏn reconnaît s’être inspiré d’un texte chinois antique écrit par Wang Bao 王褒 (90-51 AEC) et intitulé « Le contrat du jeune esclave » (Tongyue 僮約) (N6). Il s’agit d’un récit qui décrit avec plein d’humour le contrat signé entre deux parties pour la vente d’un esclave refusant d’accomplir une tâche pour laquelle il n’a pas été vendu à l’origine (N7). En revanche, nous ne savons pas précisément à quel moment fut rédigée « L’histoire d’un yangban » (N8). historiens de la littérature considèrent ce texte plus tardif, car il témoigne d’une vision assez proche de deux autres nouvelles écrites autour de 1780, soit au milieu de la quarantaine : « L’histoire du lettré Hŏ » et « La remontrance du tigre ». On y retrouve par exemple la figure du lettré miséreux et d’une épouse critiquant son mari incapable de gagner le moindre sou en se consacrant à l’étude (N9)

 

« L’histoire d’un yangban » a connu une certaine fortune dès l’époque de Pak Chiwŏn. Elle se trouve consignée dans certaines des plus grandes collections de yadam 野談 (litt. « propos officieux »), c’est-à-dire des recueils d’anecdotes que se racontaient les lettrés. La nouvelle y figure toutefois sous des formes réécrites avec une modification du titre et de certains détails, à commencer par le lieu de l’histoire. On connaît par exemple une version intitulée « Le remboursement des impôts par le riche homme du peuple acquérant le titre de [yang]ban » (Sang kwanjo pumin maeban 償官租富民買班) ou encore « « Le paiement des impôts par le riche homme du peuple acquérant le titre de yangban » (Su kwanjo pumin mae yangban 輸官租富民買兩班) (N10).  

 

Précisons en dernier lieu que  « L’histoire d’un yangban » a fait l’objet de multiples traductions en coréen moderne, mais aussi en japonais, en anglais, en allemand et en tchèque. Notre traduction est la première en français à partir du texte original en chinois classique (N11)

 

 

Pour les titres de fonctionnaires et du personnel administratif, nous nous appuyons autant que faire se peut sur le Répertoire historique de l’administration coréenne de Maurice Courant (1892).

 

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(N1) Par souci de simplicité, le terme yangban n’est pas écrit en italique dans cette traduction.

 

(N2) La figure de cet auteur est présentée en détail dans notre introduction de « L’histoire du lettré Hŏ », texte également disponible au téléchargement sur le site du RESCOR.

 

(N3) Pour une mise au point en français, voir Kim 2017.

 

(N4) Sur ce sujet, voir en anglais Park 2007 : 128-129.

 

(N5) Le taux d’intérêt variait en fonction des administrations. Sur ce système, voir Palais 1991 : 135-138.

 

(N6) Yŏnam chip 8 : 17b ; Pak 2008 : 196.

 

(N7) Une traduction anglaise, avec le texte original en regard, se trouve dans Wilbur 1943 : 382-392

.

(N8) Le texte mentionne bien un contrat établi en 1745, mais Pak Chiwŏn n’avait que 8-9 ans à cette époque et ne disposait pas encore des talents littéraires suffisants pour écrire sa nouvelle.

 

(N9) La seconde postface de « L’histoire du lettré Hŏ » (téléchargeable sur le site du RESCOR : http://www.reseau-etudes-coree.univ-paris-diderot.fr/documents/pak-chiwo...) précise toutefois que Pak Chiwŏn se fit conter pour la première fois les aventures de ce personnage en 1756. Cela pourrait donc expliquer l’écriture précoce de « L’histoire d’un yangban » à la fin des années 1750. Cf. Pak 2008 : 191-193, 208 ; Yi 1980 : 292.

 

(N10) Le premier texte se trouve dans le Tongya hwijip (kwŏn 10, non paginé) et le second dans Chŏnggu yadam (9 : 53b-55a). Le sujet est développé dans Pak 2008 : 196-199.

 

(N11) Il existe toutefois une traduction française basée sur une version en coréen moderne.

 

 

Cette traduction a été réalisée dans le cadre du cours de

« Perfectionnement en chinois classique » à l’université Paris Diderot (M2, année 2018-2019)

avec les étudiants suivants :

 

Sarah-Nio Coulibaly

Nastassja Dumontet-Demarcy

Fatou Gueye

Leyla Karaagac

Gulsen Kilci

Kim Eunjin

Lee Inyoung

Lim Hyunkyu

Camille Peronino

Julie Poujol

Song Jeong-Inn

 

La traduction a été revue, annotée et introduite par Pierre-Emmanuel Roux.

Note relative au texte source

 

L’édition utilisée est la suivante :

 

Yŏnam chip 燕巖集 (Œuvres de Yŏnam), par Pak Chiwŏn 朴趾源, Keijō, [s.n], 1932, 17 kwŏn. [Bibliothèque Nationale de Corée].

 

C’est cette édition qui est utilisée sur le site de l’Institut de traduction des classiques coréens (http://db.itkc.or.kr/)

 

Références bibliographiques citées en notes

 

Chŏnggu yadam 靑丘野談 (Propos officieux de Corée), [s.d.], 10 kwŏn [Asami Library, Berkeley].

 

Kim Daeyeol, « Les « gens du milieu » en quête d’une identité́ dans la société́ du Chosŏn au XIXe siècle », Extrême-Orient, Extrême-Occident 41, 2017, p. 179-205.

 

Kyŏngguk taejŏn 經國大典 (Grand code d’administration de la dynastie), 1474, 6 kwôn. [Asami Library, Berkeley].

 

Pak Kisŏk 박기석, Yŏnam sosŏl ŭi simch’ŭngjŏk ihae 연암소설의 심층적 이해 (Une compréhension approfondie des nouvelles de Yŏnam), Séoul, Chimmundang, 2008.

 

Palais James B., Politics and Policy in Traditional Korea, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 1997.

 

Park Eugene Y., Between Dreams and Reality. The Military Examination in Late Chosŏn Korea, 1600–1894, Cambridge (Mass.), Harvard University Asia Center, 2007.

 

Soktaejŏn 續大典 (Suite au Grand Code [d’administration de la dynastie]), 1746, 6 kwŏn [Asami Library, Berkeley].

 

Tongya hwijip 東野彙輯 (Recueil d’histoires de la campagne de l’Est), compilé par Yi Wŏnmyŏng 李源命, 1869, 16 kwŏn [Bibliothèque Nakanoshima de la préfecture d’Osaka 大阪府立中之島図書館].

 

Wilbur Clarence Martin, Slavery in China during the Former Han Dynasty 206 B.C.–A.D. 25, Chicago, Field Museum of Natural History, 1943.

 

Yi Kawŏn 李家源, Yŏnam sosŏl yŏn’gu  燕巖小說研究 (Étude sur les nouvelles de Yŏnam), Séoul, Ŭryu munhwasa, 1980. (1re éd. 1965)

 

 

(Version du 31 août 2020)

Academy of Korean studies Inalco Université Paris Diderot-Paris 7 EHESS