Compte rendu

Compte rendu de la conférence de Laurent QUISEFIT, 19 mai 2017

Le vendredi 19 mai après-midi, dans les Salons de la Maison de l’Asie, Laurent Quisefit, post-doctorant du RESCOR, chercheur associé de l’Equipe Corée de l’UMR 8173, a présenté une conférence sur le thème des Français au service de la Corée à travers l’exposé de ses recherches sur l’association « Les Amis de la Corée » (1921).

Laurent Quisefit et Valérie Gelézeau

L’intervention a démarré par un rappel du colloque « Le mouvement d’Indépendance coréen et la France à l’époque de la colonisation japonaise » qui s’était tenu à Paris-Diderot le 11 avril 2016 avec la participation, notamment, du Mémorial de l’Indépendance (독립기념관), et dont l’organisation avait conduit à l’examen des archives de Louis Marin conservées aux Archives Nationales, qui, malheureusement, n’a pas donné lieu à de grandes découvertes.

Laurent Quisefit est d’abord revenu sur l’histoire de l’association « Les Amis de la Corée » qui fut fondée dès l’arrivée de la délégation coréenne à la Conférence de la Paix de Paris en 1919, pour laquelle elle ne reçut pas d’accréditation. Les activités multiples de la délégation étaient gérées par le Bureau d’Information Coréen sis au 38, rue de Châteaudun, Paris 9e art., qui périclita dès 1920, par le manque de moyens du gouvernement provisoire à Shanghai.

L’intervenant a dès lors insisté sur la relève des activités de l’association par Félicien Challaye et Scie Ton Fa (franco-chinois dont on ignore la transcription exacte du nom). Ces deux derniers assurèrent, dès mai 1920, la publication de la revue La Corée Libre (dont deux volumes sont disponibles à la BULAC). C’est dans le numéro 10 que l’on a d’ailleurs retrouvé un appel pour une initiative visant à fonder une ligue des amis de la Corée puis une liste des personnes pressenties. La Corée Libre, dont la publication s’arrêta en mai 1921, laissa ainsi sa place à « Les Amis de la Corée » un mois plus tard.

Laurent Quisefit a retrouvé une annonce de la création de l’association dans le journal La Presse en date du 21 juin 1921. Après la séance inaugurale au Musée Social le 23 juin, placée sous la présidence de Louis Marin, les quelques lettres lues par Scie Ton Fa ce jour-là furent reprises dans le journal XIXe Siècle, le 24 juin. Il a souligné l’intérêt des profils des personnes présentes à cette réunion constitutive (entre autres, Ferdinand Buisson, Julien Godart, Pierre Mille, Marcel Sembat), des hommes politiques mais aussi hommes de lettres, enseignants, publicistes, etc., pour beaucoup membres de la Ligue des Droits de l’Homme, qui avait elle-même coopéré dès 1920 avec la délégation coréenne. Cette variété de profils, bien que remarquable, montre la complexité et la multiplicité des parcours, qui mettent elles-mêmes en exergue un problème certain d’éparpillement qui a pu nuire à l’association. En effet, après l’été, alors que la délégation coréenne avait quitté Paris, elle ne semble pas avoir repris ses activités.

Laurent Quisefit s’est également penché sur la vie de Scie Ton Fa et de Félicien Challaye. Il ressort de son enquête un problème fondamental : celui du temps qui passe dans la recherche en histoire et qui entraîne, bien souvent, la disparition des archives au sens large, c’est-à-dire la disparition de témoins directs, la non transmission du nom par dissolution familiale ou encore l’absence de versement systématique aux Archives Nationales. Il est à noter qu’on ne sait toujours pas si Louis Marin se débarrassa ou non des documents relatifs à l’association dans la mesure où il n’y a aucune trace officielle de sa dissolution.

Ce premier travail de recherches ouvre de nouvelles pistes comme l’exploitation des archives de la Ligue des Droits de l’Homme, de la succession de Félicien Challaye, des archives de la famille Fa ou Xie à Taïwan où repartit Scie Ton Fa… Il révèle aussi l’intérêt de faire financer et de publier en Corée, tant qu’il est encore temps, le recueil des témoignages des anciens de la Corée où une majorité de chercheurs coréens travaillent uniquement à partir de sources secondaires.

Laurent Quisefit est l’auteur d’une thèse publiée en 2006, intitulée « Le rôle de la France dans le conflit coréen (1950-1953), contribution à une histoire diplomatique et militaire des relations franco-coréennes », et poursuit actuellement ses recherches tout en enseignant à l’université.

Julia Poder
Master 2 – LLCER Études coréennes parcours professionnel
co-habilité INALCO-UPD
Stagiaire du RESCOR 2017

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pages

Academy of Korean studies Inalco Université Paris Diderot-Paris 7 EHESS