Traductions pour : 經國大典序

Kyǒngguk taejǒn

Texte original

Traduction

自古帝王之有天下國家也創業之主經綸草昧而未遑典故守文之君遵守成法 而無事於制作雖曰漢高算無遺策而三章之法略存規模史稱唐家萬目俱張而六典之作猶竢中葉況下於漢唐者乎恭惟世祖握符中興功兼創守文昭武定禮備樂興猶孜孜圖理 恢弘制作嘗謂左右曰我祖宗深仁厚澤宏規懿範播在令章者曰元續六典謄錄又有累降敎旨法非不美官吏庸愚昡於奉行良由科條浩繁前後牴牾不一大定耳今欲斟酌損益删 定會通爲萬世成法仍命寧城府院臣崔恒右議政臣金國光西平君臣韓繼禧右贊成臣盧思愼刑曹判書臣姜希孟左參贊臣任元濬右參贊臣洪應中樞府同知事臣成任曁臣居正 裒集諸條詳加採擇撰次爲書删繁削宂務要精簡凡所措置皆稟睿裁又命永順君臣漙河城君臣鄭顯祖掌出納書旣成釐爲六卷以進賜名曰經國大典刑戶二典旣已頒行四典未 及讎正八音遽遏聖上遹追先志遂訖就緖用頒中外臣竊念天地之廣大也萬物無不覆載四時之運行也 萬物無不生育聖人之制作也萬物莫不欣覩焉信乎聖人之制作猶天地與四時也自古制作之隆莫如成周周官以六卿配之天地四時六卿之職闕一不可也我太祖康獻大王應天 順人化家爲國立經陳紀規模宏遠三宗相承貽謀燕翼制度明備世祖神思睿知制作之盛動契典則卓越千古。殿下聰明時憲是遵是行金科玉條刻之琬琰垂耀無極猗歟盛哉其 曰六典卽周之六卿其良法美意卽周之關睢麟趾文質損益之宜彬彬郁郁孰謂大典之作不與周官周禮而相爲表裏乎建諸天地四時而不悖考諸前聖而不謬百世以俟聖人而不 惑者可知矣繼自今聖子神孫率由成憲不愆不忘則我國家文明之治豈唯比隆於成周而已乎億萬年無疆之業當益悠久而悠長矣

 

成化五年己丑九月下澣正憲大夫戶曹判書兼藝文館大提學同知經筵事臣徐居正拜手稽首謹序

Depuis l’Antiquité, les empereurs et les rois gouvernent le monde et leur dynastie. Quand ils fondent une nouvelle dynastie, ils n’ont pas le temps d’examiner les lois et les usages [du passé]. Leurs successeurs respectent quant à eux les lois établies et n’œuvrent pas [pour en proposer de nouvelles]. On a beau affirmer que l’empereur Gaozu des Han n’ait jamais rien laissé au hasard, sa loi des trois articles ne fit pourtant que poser un simple cadre[1]. Les historiographes ont beau avancer que les Tang possédaient un système de lois développé, il fallut cependant attendre le milieu de leur dynastie pour que soient achevés les Six Statuts[2]. Que doit-il en être alors pour [des dynasties] inférieures aux Han et aux Tang ?

En montant sur le trône, le roi Sejo sut restaurer notre dynastie[3]. Son mérite résida tant dans son travail de fondateur que dans celui de conservateur. Le gouvernement civil rayonna et l’armée fut consolidée, les rites furent établis et la musique rituelle encouragée. [Sejo] aspira encore infatigablement à gouverner avec bienveillance et [se distingua] par ses œuvres éminentes. Il dit un jour à sa Cour que « Mes ancêtres faisaient preuve d’une bonté profonde et conféraient de grands bienfaits. Brillants exemples et modèles de vertu, ils diffusaient des textes de lois tels que Les Six statuts du gouvernement, Le Complément aux Six statuts ainsi que Les Ecrits[4], et ils promulguaient également de nombreux édits. Ce n’était pas la loi qui n’était pas merveilleuse, mais si les fonctionnaires stupides n’arrivaient pas à l’appliquer, c’était à cause du trop grand nombre de règles et d’articles qui se contredisaient les uns les autres, n’ayant pas été unifiés. Aujourd’hui, nous voudrions peser le pour et le contre de chacun d’eux, afin de les fixer, de les rendre compréhensibles et d’en faire la loi établie pour les dix-mille générations à venir ».

[Sejo] ordonna ainsi à Ch’oe Hang, prince de Nyǒngsǒng ; Kim Kukkwang, président de droite du Grand Conseil d’Etat ; Han Kyehǔi, Prince de Sǒp’yǒng ; No Sajin, premier conseiller de droite du Grand Conseil d’Etat ; Kang Hǔimaeng, ministre des Peines ; Im Wǒnjun, second conseiller de gauche du Grand Conseil d’Etat ; Hong Ŭng, second conseiller de droite du Grand Conseil d’Etat ; Sǒng Im, second conseiller du Conseil du Gouvernement, ainsi qu’à [moi-même, Sǒ] Kǒjǒng, de rassembler tous les articles et d’en faire une sélection soigneuse pour les compiler dans un ouvrage simple et concis, où tous les passages confus et inutiles auraient été supprimés. Toutes les décisions prises furent soumises à l’approbation du souverain qui, pour finir, confia encore à Pu, prince de Yǒngsun et à Chǒng Hyǒnjo, prince de Hasǒng, la charge de transmettre ses ordres [dans les provinces] et de lui rapporter les réactions du peuple.

L’ouvrage fut [finalement] divisé en 6 chapitres (kwǒn) et présenté au roi qui lui donna comme titre Les Statuts fondamentaux pour le Gouvernement de la Dynastie. Les statuts concernant les Peines et la Population furent d’abord promulgués et mis en vigueur[5]. Cependant, alors que les quatre autres n’avaient pas encore été collationnés, le roi Sejo s’éteignit soudainement. Suivant la volonté de son prédécesseur, notre souverain régnant[6] acheva l’ouvrage et le rendit prêt à être promulgué à la capitale et dans les provinces. Notre humble sentiment est que le Ciel et la Terre, dans leur immensité, ne peuvent pas ne pas être recouvertes des Dix-mille êtres, que l’alternance des quatre saisons ne peut pas ne pas engendrer ces Dix-mille êtres et leur permettre de grandir, et [enfin] que les œuvres des Saints ne peuvent pas ne pas provoquer l’admiration de ces derniers. Nous sommes [donc] convaincus que les œuvres des Saints sont semblables au Ciel, à la Terre et aux quatre saisons.

Depuis l’Antiquité, rien n’égale en majesté les œuvres des Zhou. Le Rituel des Zhou faisait correspondre les six ministères au Ciel, à la Terre et aux quatre saisons, si bien qu’aucun des six ministres ne devait laisser sa charge vacante. Notre grand roi T’aejo[7], se conformant à la volonté du Ciel et répondant aux désirs du peuple, plaça sa famille à la tête de l’Etat, d’où il établit des règles immuables et mit en ordre les lois[8]. Les trois souverains qui lui succédèrent formulèrent de nombreux projets pour leurs descendants, tout en clarifiant et complétant les institutions[9]. Avec ses pensées judicieuses et sa grande sagesse, Sejo œuvra quant à lui magnifiquement en conformité aux lois, ce qui lui permit de surpasser tous ses prédécesseurs. Notre souverain régnant, qui voit et entend toute chose, perpétue [aujourd’hui cette œuvre] qu’il fait appliquer. Ces règles d’or et ces lois d’argent sont gravées dans le jade, ce qui leur permettra de briller éternellement. Qu’elles sont belles et majestueuses !

Ce que nous désignons par les Six Statuts correspond aux six ministères des Zhou. Leurs lois réfléchies et leurs intentions magnifiques sont semblables à La tourterelle criant ‘Guan’ et aux Pieds de la licorne[10], harmonieuses et resplendissantes tant dans leur fond que dans leur forme. Qui [osera] alors dire que Les Statuts fondamentaux pour le Gouvernement de la Dynastie et Le Rituel des Zhou ne sont pas comparables en tous points ? Si on compare [Les Statuts fondamentaux pour le Gouvernement de la Dynastie] à l’action du Ciel, de la Terre et des quatre saisons, on voit qu’il ne leur est pas contraire. Si on le compare avec le gouvernement des saints prédécesseurs, on constate qu’il ne s’en écarte pas. S’il surgissait un saint, ne fût‑ce qu’après cent générations, il n’y trouverait rien d’incertain[11]. Désormais, tous les descendants de nos souverains auront recours à cette loi établie pour ne commettre aucune erreur ni aucun oubli[12]. Comment notre dynastie, gouvernant avec humanité, pourra-elle être alors seulement plus splendide que celle des Zhou ? Notre entreprise dynastique d’une myriade d’années en sera nécessairement bien plus longue et bien plus éternelle.

 

 

Préface présentée respectueusement dans la dernière décade du 9e mois de la 5e année de l’ère Chenghua [1469] par Sŏ Kŏjŏng, chŏnghŏn taebu[13], ministre de la Population, Grand Compositeur de l’Académie Royale et [Second] Conseiller [du Gouvernement][14], Explicateur Royal.

 

 

   [1] L’empereur Gaozu (Liu Bang) règne de 202 à 195 av. JC. Ladite loi des trois articles (法三章) se résume à la phrase suivante : « Les meurtriers seront condamnés à mort tandis que ceux qui infligeront des blessures ou qui commettront un vol seront punis [en fonction de leur faute] » (殺人者死傷人及盜抵罪). Cette loi nous est connue par la biographie de Gaozu dans les Mémoires historiques (史記) de Sima Qian.

   [2] Les Six Statuts des Tang (Tang Liudian 唐六典) furent en effet achevés en 738, c’est-à-dire 120 ans après la fondation de la dynastie.

   [3] Sejo: r. 1455-1468.

   [4] Respectivement: Kyǒngje yukchǒn, Sok Yukchǒn et Tǔngnok.

   [5] En 1460.

   [6] Le roi Yejong, r. 1468-1469.

   [7] 康獻 Kanghǒn est son nom posthume.

   [8] Ce passage (立經陳紀, 規模宏遠) est emprunté à la biographie de Kubilaï Khan dans L’Histoire des Yuan (元史).

   [9] Il s’agit des rois Chǒngjong, T’aejong et Sejong.

   [10] Guanjiu et Linzhi. Il s’agit de deux odes très connues du premier chapitre du Livre des odes (詩經). La première célèbre les vertus de l’épouse, et la seconde fait allusion à une descendance nombreuse et distinguée, présage d’une ère de bonheur.

   [11] Passage tiré et arrangé de L’Invariable Milieu (中庸) qui dit à l’origine : «  Le gouvernement d’un prince sage a pour base la vertu du prince et se manifeste par ses effets sur tout le peuple. Si on le compare avec le gouvernement des fondateurs des trois dynasties, on trouve qu’il ne s’en écarte pas. Si on le compare avec l’action du ciel et de la terre, on voit qu’il ne lui est pas contraire. Si on le compare avec la manière d’agir des esprits, il n’inspire aucun doute. S’il surgissait un grand sage, ne fût‑ce qu’après cent générations, il n’y trouverait rien d’incertain. » (故君子之道,本諸身,徵諸庶民。考諸三王而不繆,建諸天地而不悖。質諸鬼神而無疑。百世以俟聖人而不感。).

   [12] Il s’agirait là encore d’un passage arrangé du Livre des Odes (不愆不忘 率由舊章).

   [13] 正憲大夫 : Titre hiérarchique civil de rang 2a, donnant une place dans les cérémonies au palais.

   [14] Le texte ne donne que « conseiller » (同知), mais on sait que Sŏ Kŏjŏng était second conseiller du gouvernement (中樞府同知事) depuis 1465.

 
 
Academy of Korean studies Inalco Université Paris Diderot-Paris 7 EHESS