« Corée : 1831-1866. Chrétiens coréens et missionnaires français, l’établissement d’une Eglise »
14 octobre 2014 – 24 janvier 2015
Présentation de l’exposition
La période abordée par l’exposition va de 1831 à 1866.
Ce sont les commencements, dans des circonstances pénibles et souvent dramatiques, du vicariat apostolique de Corée, mission devenue indépendante du vicariat de Pékin auquel, depuis 1791, l’Eglise de Corée avait été rattachée.
Le pays est fermé. Y pénétrer, en recevoir des nouvelles ne peut s’obtenir qu’au moyen de complicités, à l’occasion de l’ambassade annuelle à la cour de Chine ; la frontière s’ouvre alors pour les notables accrédités et leur suite ainsi que pour des commerçants : une bonne centaine de personnes parmi lesquelles se trouvent des chrétiens qui se font reconnaître et que l’on peut aborder de l’autre côté de la frontière…
Le premier vicaire apostolique pour la Corée, Barthélémy Bruguière (1792-1835), au terme d’un voyage de plus de trois années, mourra aux portes du pays. Son confrère, Pierre Maubant, y entra le premier, guidé par quelques Coréens. Il trouvera dans le “Royaume ermite” une chrétienté déjà forte, mais en butte à la répression depuis la dernière décennie du siècle précédent.
Maubant est bientôt rejoint par Jacques Chastan puis par Laurent Imbert, second évêque de Corée. Les trois missionnaires mènent une activité intense, visitent les communautés chrétiennes dans le pays pour y exercer leur ministère. Ils sont arrêtés et exécutés en septembre 1839. Leur mort sera suivie d’un épisode de six ans durant lequel l’Eglise de Corée reste sans prêtre.
De 1835 à 1865, 21 missionnaires français entreront en Corée. Malgré l’hospitalité dont ils jouissent au sein de leurs communautés, malgré leurs succès apostoliques et le développement rapide de la chrétienté, leurs conditions de vie sont physiquement et moralement épuisantes.
Douze d’entre eux ont été victimes de la persécution et décapités, partageant ainsi le sort d’une foule de Coréens morts pour leur foi. Trois de ces martyrs étaient les évêques de la Corée et les chefs de la mission. Quatre missionnaires étant mort de maladie dans les années précédentes, il n’y eut, en 1866, que trois rescapés de toute cette aventure. Ils purent gagner la Chine par la mer et rapporter les faits dont ils avaient recueilli le témoignage. Un seul, Félix Ridel (1830-1884), reviendra en Corée, en 1877.
Après le départ de ces trois missionnaires, la chrétienté coréenne n’a plus de prêtre. Deux Coréens avaient reçu l’ordination sacerdotale, mais le premier, André Kim Taegon, avait été exécuté en 1846, le second Thomas Choi Yangeop était mort d’épuisement en 1861.
Ridel avait contacté dès juillet 1866 le contre-amiral Roze, commandant de la division navale des mers de Chine. En représailles du massacre des douze Français, une expédition avait été décidée : en octobre 1866, les troupes françaises débarquent sur l’île de Ganghwa, pillent la cité et s’emparent d’archives royales. Ridel avait participé à l’expédition en qualité d’interprète.
L’exposition présente deux sortes de documents relatifs à cette période, à ces événements et situations.
Les premiers sont empruntés au fonds des Missions Etrangères : ce sont des lettres, des photographies, des comptes rendus de missionnaires, des livres, des journaux, des cartes géographiques et une série de portraits peints restaurés pour l’exposition.
L’ensemble de ces documents représente le point-de-vue d’Occidentaux qui ont approché des Coréens chez eux assez longtemps et d’assez près pour que quelque chose de la personnalité de leurs interlocuteurs, de leurs échanges avec eux nous apparaisse. C’est un point-de-vue unilatéral, partiel, limité par l’obligation où étaient les missionnaires de se cacher : ils n’auraient pas pu survivre hors des cercles chrétiens qui s’étaient organisé autour d’eux, qui les protégeaient et qui eux-mêmes étaient constamment sur le qui-vive.
Dans les deux petits salons du Musée sont rassemblées quelques oeuvres de deux peintres contemporains : Tak Heeseong et Cho Hee-sung.
Ces oeuvres proposent un point-de-vue coréen, celui d’artistes devenus chrétiens. Leurs oeuvres peintes contribueront à équilibrer le propos de l’exposition : elles témoignent d’une inspiration puisée directement à la source de leur culture, de leur mémoire, de leur imaginaire et de leur foi.
Bernard Jacquel, MEP
Inauguration_Exposition Corée MEP _12.10.2014
Missions Etrangères de Paris
128, rue du Bac, 75007 Paris