Compte rendu

Retour d’expérience à propos d’une invitation à participer à la Fête des Lanternes à Séoul en 2017

Alors qu’en 2016, on célébrait en France et en Corée du Sud, les 130 ans (1886-2016) de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays, l’Inalco, en partenariat avec l’université Paris Diderot, accueillit dans son Grand Auditorium, le 27 octobre 2016, Seoljeong Seunim1pangjang (« doyen ») du grand centre bouddhique de Tŏksung (Tŏksung ch’ongnim) au monastère de Sudŏk (province du Ch’ungch’ŏng du Sud) pour une conférence retraçant son parcours monastique. À cette occasion, ce dernier était accompagné par le Président de l’ordre de Jogye, Jaseung Seunim, ainsi que d’une dizaine de moines représentants de l’Ordre.

Étudiante à l’Inalco, familière des textes sanscrits relatifs au bouddhisme, je m’étais jointe aux nombreux auditeurs dont la plupart étaient des camarades de la section d’études coréennes, pour écouter Seoljeong Seunim nous parler de son expérience monastique. Nous fûmes tous touchés par son expression d’humilité et sa profondeur spirituelle. À l’issue de cette conférence, et parce que je posais une question sur les œuvres sociales de l’Ordre en Corée du Sud, j’eus la surprise d’être invitée par Jaseung Seunim à Séoul pour participer à la Fête des Lanternes fin avril 2017. J’en fus très émue et reçus cette invitation avec reconnaissance.

Aussi me rendais-je fin avril à Séoul, quelques jours avant l’événement, pour avoir le loisir de visiter seule des quartiers de la capitale. Pour honorer Bouddha à l’occasion de la fête commémorant sa naissance, l’ordre de Jogye réunit en Corée du Sud les trois grands courants (« véhicules ») du bouddhisme que sont le Theravada, le Mahayana et le Vajrayana. Je me retrouvais l’unique jeune femme européenne parmi des moines bouddhistes du Sri Lanka, de Myanmar, du Japon, du Cambodge, de Thaïlande, du Vietnam, de Mongolie et de Taïwan, venus également en délégation ; nous fûmes chaleureusement accueillis. Les échanges furent fructueux entre nous, aidés en cela par des interprètes, sous l’œil de journalistes venus suivre notre séjour. Logés à l’hôtel à proximité de Jogyesa, monastère principal et centre administratif de l’Ordre, au cœur de la capitale, nous avions rendez-vous chaque matin pour un programme quotidien bien rempli. Nous visitâmes le monastère de Bongueun (Pongŭn) qui renferme la traduction du Canon bouddhique en coréen entreprise par l’ordre de Jogye. Puis nous eûmes l’occasion de prendre de la hauteur en nous rendant dans la célèbre tour de Namsan afin de profiter du panorama que celle-ci offre sur la cité et son architecture. Avec émotion, nous gagnâmes le parc et mémorial d’Imjingak à P’aju (province du Kyŏnggi), près de la zone frontalière démilitarisée avec la Corée du Nord, alors qu’au même moment, les médias européens rapportaient des tensions entre les États-Unis et le gouvernement nord-coréen. Dans le parc, des moines firent résonner la Cloche de la Paix, priant pour la réunification. L’occasion nous fut donnée également de pénétrer dans l’ancien palais royal de Kyŏngbok (dont le nom signifie littéralement « palais du bonheur resplendissant »), ensemble de bâtiments anciens parmi les plus imposants de la capitale.

Nous fûmes reçus à Jogyesa par le Président de l’Ordre avant de rejoindre l’université bouddhique de Dongguk pour l’ouverture des festivités. Ce jour-là, sur le campus de l’université furent accueillis des étudiants d’autres universités, chrétiennes ou laïques. Dans une ambiance dynamique et chaleureuse, les étudiants réalisèrent différentes chorégraphies, chantèrent et s’associèrent à leur façon aux prières bouddhiques. Des moines firent un discours avant de déclarer officiellement ouverte la Fête des Lanternes. Chaque délégation invitée par l’Ordre participa aux ablutions rituelles de l’Enfant Bouddha. Nos lanternes à la main, nous nous rendîmes ensuite à pieds devant l’immense défilé prévu un peu plus tard. Dans la soirée, après notre remontée de l’avenue Jongno, se déploya une parade spectaculaire sous l’objectif des caméras des médias locaux. La nuit commençait à tomber, rendant couleurs et lumières plus éclatantes. Des jeunes filles dansaient en hanbok et de jeunes garçons portaient de massives et impressionnantes lanternes en papier en forme de personnages ou d’objets. Coréens et touristes du monde entier étaient présents en grand nombre.

Fête des Lanternes à Séoul (https://opengov.seoul.go.kr/seoullove/10866829)

Le lendemain, dans le quartier d’Insa (Insa-dong), s’étalaient des stands proposant à un public de tout âge des activités liées à la culture bouddhique : coloriages de mandalas, montages de stoupas en papier pour les plus jeunes ; séances de méditation, dégustation de plats coréens en présence de danses et performances vocales pour les plus âgés.

Lorsqu’arriva le moment de plier bagages, nous sentîmes le regret de n’avoir pu suffisamment partager nos expériences de vie, cultures et croyances. Les « au revoir » en furent d’autant plus poignants. À présent, à travers ce bref aperçu de ce que fut ce séjour, je ressens l’insuffisance des mots pour relater toute l’émotion éprouvée au cours de cette expérience unique. Aux étudiants de l’Inalco et de Paris Diderot qui se rendront en Corée du Sud pour études ou simple visite, je souhaiterais témoigner de l’hospitalité des habitants et de la richesse de la culture coréenne. En achevant ces lignes, j’exprime toute ma gratitude à mes hôtes coréens et aux organisateurs de la conférence de Seoljeong Seunim.

Marie Astrid Dodin

Étudiante à l’Inalco

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  1. Seoljeong Seunim a été récemment nommé Président de l’ordre de Jogye

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Academy of Korean studies Inalco Université Paris Diderot-Paris 7 EHESS