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"Chez nous, c'est le territoire tout entier qui est un musée".
Telle fut en bref la réponse que je fis, en 1987, à une de mes relations du Metropolitan museum de New York qui m'interrogeait sur la situation des musées de Corée. Quoique les musées d'Occident tirent fierté compétitive de leur taille colossale, en tant que produits du temps des impérialismes (chegukchu¡i) ils restent à jamais non seulement des "camps d'internement [réception?] (suyong) de la culture des autres/des cultures exotiques (iguk munhwa)", mais encore ils ont déjà perdu toute la vitalité (saengmy|ngny|k) des reliques/oeuvres (yumul). Ainsi ce critique [d'art] français en était-il arrivé à cette sévère auto-critique en les nommant "cimetières publics des chefs d'oeuvre (my®ngjak)".
Notre pays, c'est vrai, n'est pas bien grand. Pourtant, des Etats-Nations (minjok kukka) comme le nôtre ayant fait l'expérience d'une aussi longue histoire (oraen y|ksa) en partageant une communauté de destin (unmy|ng kongdongch'e) dans un même (kat'¡n) espace (chiy|k), entre membres d'une même lignée (hy|lt'ong), à travers une même langue, le même système [politique] et les mêmes moeurs (p'ungs¡p) sont exceptionnels. On peut estimer son âge (y|llyun) au plus long à 7-8000 ans, au plus court à 3000 ans.
Les cernes/couches (y|llyun) de cette histoire s'étant accumulés sur une étroite surface, où qu'on mette les pieds en Corée (uri), on rencontre des reliques culturelles/un patrimoine culturel (munhwa yusan) formel (yuhy|ng) et informel (muhy|ng) [matériel/immatériel? tangible/intangible?]. Ce patrimoine, depuis la glorieuse voie royale/ le gouvernement idéal (wangdo) juqu'à la communauté du dernier jour (kk¡ttongne) en passant par les vallées profondes sous le ciel (simsim san'gol han¡l arae] n'a rien perdu de sa force vive, il demeure ici pour toujours. Au-delà des lieux de protection (poho) d'oeuvres (yumul) déracinées (sirhyang) d'avoir été arrachées à leur sol natal (kohyang) pour devenir au fond des reliques (yumul) exposées dans les vitrines des musées d'aujourd'hui, c'est le pays tout entier qui est un musée.
Dès lors, c'est seulement lorsque toutes ces oeuvres sont à leur place propre qu'elles laissent authentiquement/intègrement éclater leur couleur. [...]
Hélas, nous persistons à vivre dans l'ignorance la plus totale des formes et valeurs véritables (ch'amdoen) de notre territoire-musée. On se trouve donc fréquemment dans cette situation d'avoir à balayer/rejeter trop facilement les paroles de voyageurs qui, au retour d'un séjour touristique à l'étranger, affirment : "je viens de visiter le British museum, mais sa collection d'art coréen est vraiment piteuse!". Au contraire, si l'on prend ces paroles au pied de la lettre, elles ne peuvent que nous conduire à cette reformulation : "les collections d'art coréen ne sont en rien l'affaire du British museum".
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