Asia Trends #3 – Le redéploiement d’armes nucléaires tactiques en Corée du Sud vu par Séoul et Washington – Léonie Allard et Névine Schepers
Cet article a été rédigé et finalisé avant le sommet intercoréen qui s’est tenu le 27 avril 2018 à Panmunjon. Ses conclusions sur le peu de probabilité d’un redéploiement d’armes tactiques dans la péninsule n’en restent pas moins pertinentes.
La Corée du Sud bénéficie depuis la signature en 1953 du Traité de défense mutuelle avec les Etats-Unis de la protection du parapluie nucléaire américain. Cette protection s’est traduite entre 1958 et 1991 par le déploiement sur le territoire sud-coréen d’armes nucléaires tactiques, dites non-stratégiques car de courte portée et de faible puissance et, de ce fait, davantage susceptibles d’être utilisées lors d’un affrontement militaire. Le nombre d’armes déployées pendant ces plus de trois décennies a largement varié, allant d’une apogée d’environ 950 têtes nucléaires en 1967 à un arsenal de 100 têtes en 1990. Leur retrait en 1991, sous la présidence de George H.W Bush, n’a pas pour autant signifié l’abandon du parapluie nucléaire américain puisque la Corée du Sud était également protégée, et continue de l’être, à travers la dissuasion élargie des Etats-Unis, assurée par des bombardiers stratégiques déployés depuis Guam et les patrouilles effectuées par des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins. Cette décision unilatérale de retirer les armes de la péninsule s’est produite dans un contexte de fin de Guerre froide, et a en partie conduit la Corée du Nord à autoriser des inspections de ses installations nucléaires par l’Agence internationale de l’énergie atomique. Ce geste de bonne volonté n’a pas défini la direction prise par Pyongyang depuis en matière de non-prolifération nucléaire. Pour plus d’informations, voir le carnet de l’Asia Centre.