Compte rendu de la « Journée d’études : Linguistique coréenne » à l’INALCO, 18 mai 2017

Compte rendu de la « Journée d’études : Linguistique coréenne » à l’INALCO, 18 mai 2017

Le jeudi 18 mai s’est tenue une journée d’études sur la linguistique coréenne dans l’auditorium de l’INALCO, organisée par le département d’études coréennes de ce même établissement avec le concours du RESCOR et de l’Académie des Études Coréennes (AKS).

L’événement a été lancé par le discours inaugural de Jean-François Huchet, professeur, directeur-adjoint du GIS-Réseau Asie et vice-président du Conseil Scientifique de l’INALCO. Il a d’abord retracé l’histoire de l’enseignement de la langue et de la culture coréennes à l’INALCO, en soulignant la contribution de feu le professeur André Fabre à l’évolution des études coréennes en France. Il a également insisté sur la qualité du fonds coréen disponible à la BULAC et a remercié les organisateurs et partenaires coréens de cette journée qui avait pour but de faire connaître le domaine de la linguistique à un public majoritairement composé d’étudiants et futurs (ou jeunes) chercheurs.

Marc Duval et Injoo Choi-Jonin

La matinée a débuté avec les présentations de Marc Duval (MCF HDR, université Paris-Sorbonne, Paris IV) et d’Injoo Choi-Jonin (PU, université Toulouse-Jean Jaurès). Ces interventions visaient à introduire, d’une part, la lexicologie (ou l’étude des mots) coréenne, les problèmes liés à la sémantique contrastive (l’étude comparée du sens des mots et expressions) ainsi que le manque de recherches dans ce domaine ; et, d’autre part, les difficultés rencontrées dans les tentatives de description de la langue coréenne autour de l’utilisation des termes spécifiques « adjectifs » et « particules casuelles » pour des objets linguistiques qui se montrent à bien des égards, dans leur usage, très différents de ceux rencontrés dans d’autres langues telles que le français ou l’anglais. Les discussions avec les deux intervenants ont conduit à s’interroger sur les empreintes de l’ethnocentrisme dans la recherche en linguistique et sur la manière de se détacher des codes de sa (ou ses) langue(s) de référence pour en décrire une autre.

Jiyoung Choi et Jin-Ok Kim

La journée s’est poursuivie avec deux interventions sur des cas concrets d’acquisition du langage. Choi Jiyoung (post-doc, université de Nantes/INALCO) a présenté une partie des recherches expérimentales qu’elle a effectuées auprès d’enfants coréens sur l’appropriation des formes des prédicats d’état inchoatifs qui peuvent, dans certains cas, permettre le recours au marqueur -ŏji-/-aji- et dans d’autres, rendre l’utilisation de ce dernier impossible. Elle a montré que la maîtrise de ces formes n’est en rien spontanée ni linéaire dans l’acquisition du coréen langue maternelle. Restant dans le domaine de la didactique des langues, Kim Jin-Ok (MCF, université Paris Diderot, Paris VII) s’est, quant à elle, penchée sur l’acquisition de l’infixe verbal honorifique (-si-) et des marqueurs de registre de fin de phrase (-ŏyo/ayo et -(s)ŭmnida) en coréen par les apprenants français adultes en présentant des données recueillies auprès des étudiants de l’université Paris Diderot et dont l’analyse donne à réfléchir sur la problématique de l’appropriation d’une langue étrangère (langue cible) éloignée de leur langue maternelle (langue source).

Alexander Vovin, Inyoung Kim et Hui-yeon Kim

L’après-midi, Alexander Vovin (Directeur d’études, EHESS) est intervenu sur le contraste entre *r et *l en proto-coréen et en vieux coréen – c’est-à-dire, des origines supposées du coréen à ses premières manifestations en alphabet autochtone au XVe siècle -, donnant ainsi à contempler un aspect historique de la linguistique de la langue coréenne qui a beaucoup évolué dans le temps. Kim Inyoung (docteure, université Paris Diderot) a ensuite présenté quelques théories relatives à la phonologie (l’étude des sons à valeur linguistique), ainsi qu’un large panel d’outils permettant aujourd’hui aux chercheurs de travailler sur la phonétique (l’étude de la réalisation des sons). Elle a ensuite montré, grâce aux fruits de ses recherches, les caractéristiques de la prosodie (l’intonation et l’accentuation) des apprenants français lors de leurs prises de parole en langue coréenne.

L’ensemble de ces interventions a donné un aperçu de la diversité et de l’étendue du champ que représentent les sciences du langage et de l’intérêt qu’elles suscitent pour une meilleure compréhension du coréen et le perfectionnement de son enseignement. Il apparaît aussi clairement que les découvertes en linguistique concourent à l’évolution des recherches sur les Corées et le monde coréen de manière générale.

À noter également l’intervention de Christine Chabot (doctorante, université Sorbonne Nouvelle, Paris III), jeune chercheure en linguistique coréenne, qui a éclairé le public par le récit de son parcours personnel en répondant de manière concrète aux interrogations que se posent celles et ceux qui souhaiteraient poursuivre leurs études au niveau doctoral (procédures administratives, bourses, terrains, etc.), dans le domaine de la linguistique mais aussi, plus largement, des études coréennes.

Les étudiants de l’INALCO et de l’université Paris Diderot ont répondu massivement à l’annonce de cette journée organisée à l’initiative de Kim Daeyeol (PU et directeur du département d’Études coréennes, INALCO) et de Choi Jiyoung puisque, dès le début de la matinée, les 200 places de l’auditorium étaient occupées. Les questions nombreuses et variées posées à la fin de chaque intervention ont montré l’intérêt que ce jeune public porte au domaine de la linguistique coréenne. Cela a été rendu possible par l’effort de communication des intervenants qui ont su rendre accessible la compréhension de leurs problématiques à un public de non spécialistes.

La première édition de cette journée de linguistique coréenne a donc été une réussite, et nous espérons vivement qu’elle connaîtra une suite au cours de l’année universitaire 2017-2018.

Julia Poder 
Master 2 – LLCER Études coréennes parcours professionnel
co-habilité INALCO-UPD
Stagiaire du RESCOR 2017
Younès M’Ghari
Master 2 – Études coréennes – Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO)
Master 2 – Théories et pratiques du langage et des arts – École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS)
Academy of Korean studies Inalco Université Paris Diderot-Paris 7 EHESS