Géographie culturelle de la Corée. Introduction
Valérie Gelézeau, directrice d’études de l’EHESS
2e et 4e jeudis du mois de 10 h à 12 h, du 8 novembre 2018 au 23 mai 2019
Croisant le champ de la géographie avec celui des aires culturelles, ce séminaire prend la mesure de la nature fondamentalement plurielle de l’aire culturelle Corée, qui compte au total environ 80 millions de personnes, et que je qualifie de « méta-nation » : cohérente dans la longue durée, elle est aujourd’hui fragmentée en deux états (la Corée du Sud et la Corée du Nord), et une diaspora. Il entend surtout rompre avec le paradigme actuel des études coréennes en France et à l’étranger, qui produit une « schizo-coréanologie » focalisée sur l’étude de la Corée du Sud et peu consciente du fait que la plupart des faits sociaux et des perspectives pour les analyser sont en réalité formés, et informés, par le système de la division, donc polarisés soit au Nord soit au Sud. Il est donc impossible de se situer vaguement « en Corée » pour mettre en œuvre une recherche critique sur « la Corée » (terme qui, en coréen, est intraduisible sans situer explicitement et politiquement le discours au Nord ou au Sud).
Interrogeant l’espace comme construit social par des méthodes ethnographiques (une « micro-géograohie de terrain »), ce séminaire de géographie culturelle assume donc le caractère fondamentalement politisé de toute recherche critique sur la Corée et se définitn autant par des sujets à différentes échelles (la ville, les grands ensembles, la frontière) que par une posture située et engagée.
Le séminaire sera adossé cette année à une journée d’études sur la géographie coréenne qui aura lieu le jeudi 28 ou le vendredi 29 mars (date à préciser à la rentrée). La présence à la journée complète sera obligatoire pour la validation.
Histoire de la Corée moderne :
tempéraments historiens, modalités géographiques
Alain Delissen, directeur d’études de l’EHESS
Jeudi de 14 h à 16 h, du 8 novembre 2018 au 21 février 2019
Le séminaire s’attache à parcourir et interroger l’histoire bouleversée du monde coréen du XIXe au XXIe siècle, à partir de matériaux variés choisis à la marge de l’histoire établie et de ses genres canoniques. Il s’agit donc d’un séminaire de recherche portant sur l’histoire de la Corée moderne.
On part d’un constat : le travail des historiens coréens ne s’offre pas forcément sous la forme standardisée et refroidie de la monographie ou de l’article académique. En témoignent, dans les pages d’un journal et en feuilleton, les inflexions indignées d’un Sin Ch’aeho – père national fondateur de la discipline – en marge de la guerre russo-japonaise : pour des raisons de ton et de genre autant que de langue et de notions, il est difficile à saisir et traduire.
Au delà des catégories et lieux d’analyse usuels – nation, État, colonialisme, modernité ; genres et institutions historiques –, on s’efforcera aussi de saisir des tempéraments historiens. Quel est le sens produit par divers régimes d’écriture du passé « en mode charang (fierté) », « en mode kot’ong » (souffrance) », « en mode chŭlgŏum (plaisir) » ?
On tentera par ailleurs d’être sensible aux modalités géographiques marquées qui traversent la plupart de ces évocations historiennes du passé. Entre cartographie imaginaire et topographies savantes, villes dévastées et paysages rêvés, ils plantent un tableau inquiet des lieux du monde coréen moderne : place dans le monde, annexion, exil, division, destruction, instabilité…
Ont été travaillés les années précédentes, La Marche ferroviaire de Séoul à Pusan (Kyǒngbu ch’ǒltoga (norae)) de Yuktang Ch’oe Namsǒn – un texte de 1908 – ; les volumes que le poète contemporain Ko Un a consacrés dans Maninbo (Dix mille vies), en 2004, à la Guerre de Corée ; La figure de la « femme libre » (chayu puin) dans le cinéma sud-coréen des années 1950 et la série Webtoon (sur Naver) de Deniko des années 2010.
Histoire sociale contemporaine de la Corée
Marie-Orange Rivé-Lasan, maître de conférences à l’Université Paris-Diderot
dates et horaires communiqués ultérieurement
(Université Paris-Diderot, 5 rue Thomas-Mann 75013 Paris)
Analyse de textes et de vidéos de natures variées (articles scientifiques, documentaires historiques, archives, blogs, dossiers de presse, chronologies, cours en ligne, etc.) et d’origines différentes (sources coréennes et/ou occidentales) traitant de divers épisodes de l’histoire contemporaine de la péninsule coréenne, incluant la Corée du Nord et la Corée du Sud. Il s’agira pendant le séminaire de confronter les différentes façons de concevoir et de formuler l’histoire contemporaine de la Corée en fonction des époques et des contextes de la production des discours coréens, asiatiques et/ou occidentaux, sur l’histoire.
En 2018-2019, le séminaire va porter sur l’histoire des anarchistes coréens et de l’anarchisme en Corée. En plus d’un rappel sur l’anarchisme du début du XXe siècle, on se posera la question de l’existence de mouvements anarchistes en Corée du Sud et sur les formes prises par l’anarchisme aujourd’hui chez les jeunes.
On insistera sur la description de parcours socio-politiques, de lieux de mémoires, de commémorations et sur l’écriture de l’histoire de l’anarchisme coréen en Corée du Sud et en Corée du Nord, et hors du territoire coréen.
Ce séminaire (code 44OE02KR ou 44RE02KR) dispensé au premier semestre à l’Université Paris-Diderot dans le cadre du master « études coréennes » est ouvert aux étudiants de M1 et M2.
Partitions territoriales : imaginaires et représentations
Anne Castaing, chargée de recherche au CNRS ( CEIAS )
Benjamin Joinau, maître de conférences à Hongik University (Séoul)
Delphine Robic-Diaz, maître de conférences à l’Université de Tours
2e et 4e vendredis du mois de 14 h à 17 h, du 11 janvier 2019 au 28 juin 2019
(salle A07_37, 54 bd Raspail 75006 Paris)
Le développement des Partition Studies dans différentes disciplines (histoire, sciences politiques, géographie, mais aussi histoire et anthropologie culturelles, études littéraires, études cinématographiques) invite à une réflexion globale sur les divisions territoriales et les effets, sociaux et culturels, des « longues » partitions, en Inde, mais aussi en Corée, au Viêt-Nam, dans l’ex-Yougoslavie, en Irlande, en Israël/Palestine, etc. Les importants travaux effectués en ce sens sur les productions culturelles permettent à la fois de tisser une histoire des « communautés imaginaires » que sont les nations, et de saisir le faisceau d’images et de représentations qui s’agrègent au territoire, à son morcellement ou, plus encore, à sa perte. En témoigne par exemple la volumineuse littérature « diasporique » ou « exilique », travaillée par un imaginaire de l’espace disparu, mais aussi les représentations genrées des nations partitionnées qui sillonnent leurs productions cinématographiques et littéraires, ou encore l’obsession des frontières qui caractérise les cinémas indien ou coréen. En dissociant leur réflexion des approches disciplinaires, les Partition Studies incitent à considérer les partitions comme « paradigmes » esthétiques (Anna Bernard), structurant en profondeur les imaginaires et leurs réseaux de représentation.
Ce séminaire vise ainsi à interroger les partitions et les divisions territoriales, récentes ou plus anciennes, d’un point de vue des représentations, comme témoin des assimilations imaginaires des ruptures communautaires et/ou nationales : littératures, cinémas, arts performatifs, arts plastiques seront les supports de nos réflexions.
Intelligences de la Corée. Séminaire pluridisciplinaire du Centre de recherches sur la Corée
Alain Delissen, directeur d’études de l’EHESS
Valérie Gelézeau, directrice d’études de l’EHESS
Isabelle Sancho, chargée de recherche au CNRS
2e et 4e vendredis du mois de 10 h à 12 h, du 9 novembre 2018 au 14 juin 2019
En mettant la recherche en perspective critique et historique, le but est d’introduire et de former aux disciplines, thèmes, auteurs, et problématiques des études coréennes telles que conçues et pratiquées par les sciences sociales et humaines.
Destiné aux mastérants et aux doctorants, le séminaire vise aussi à introduire à la variabilité de l’objet « Corée » ainsi qu’aux savoirs scientifiques situés qui les appréhendent.
Plusieurs types de séances seront donc proposés : 1) des séances de méthodes, de bibliographie et de documentation pour les études coréennes ; 2) des séances de discussion sur syllabus thématique ad hoc ; 3) des séances centrées sur les conférences des invités du CRC, dans des disciplines variées ; 4) des séances de travail presentant les travaux en cours tant des mastérants que des doctorants ; 5) des séances où les chercheurs confirmés présenteront leurs sources et l’état de leur recherche.