L’île de Jeju est située à l’extrême pointe sud-ouest de la péninsule coréenne. Elle abonde en mythes, légendes et épopées chamaniques. On y recense 18 000 divinités et 346 sanctuaires, dont 68% sont consacrés à des déesses. Sur cette île battue par les vents, où la vie est particulièrement dure, les femmes ont toujours joué un rôle important.
La représentation symbolique de ces femmes de Jeju est la « femme de la mer », la plongeuse (jamnyo ou haenyo). Ces plongeuses prennent de grands risques tous les jours. Elles se retrouvent au petit matin au bord du rivage pour entrer ensemble dans la mer, lestées de ceintures de plomb. Elles répètent ce rituel une quinzaine de jours par mois, plongeant en apnée au péril de leur vie et restant dans l’eau entre 4 et 7 heures d’affilée à la recherche de produits de la mer (haliotis, conques, etc.) pour subvenir aux besoins de leurs familles.
Cette conférence de l’anthropologue Ok-kyung PAK, centrée sur le livre qu’elle a consacré aux plongeuses de Jeju, permettra au public français de mieux appréhender, à travers l’étude d’un système de parenté fondé sur l’échange, de la vie communautaire et des valeurs sociales et économiques des jamnyo, une société « centrée sur les femmes ». Une société où les pratiques chamaniques des plongeuses en l’honneur de la déesse de la mer qui leur offre sa protection coexistent avec l’influence du néo-confucianisme venu du continent. Par ailleurs, cette conférence permettra aussi, malheureusement, de prendre la mesure du déclin d’une activité traditionnelle, déclin causé par le développement industriel et la pollution des océans. Pour plus d’informations, voir le site du Centre Culturel Coréen.