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Campagnes en Extrême-Orient : celles d’hier et d’aujourd’hui 1934-2014, 17 octobre 2014

Sans titre

 

 

Notre voyage commence il y a 80 ans, le jeune Julien n’a que 20 ans quand il décide de quitter sa famille aux mœurs trop conservatrices et bien trop différentes des siennes. Il quitte Paris pour Toulon et s’engage dans l’armée en tant que radiophoniste, avant de prendre le premier navire en mission. Ce sera le croiseur Primauguet en partance pour les campagnes d’Extrême-Orient, un voyage de 3 ans (1932-1934) aux objectifs diplomatiques divers et qui l’emmèneront bien loin de Paris (Cambodge, Chine, Corée, Indonésie, Japon, Viêt-Nam). Le canal de Suez, puis « le passage de la ligne », étape obligée du marin en route pour l’Asie à cette époque. Passionné par la photographie, il témoigne des impressions qui le touchent le plus et les décors qui l’émerveillent : l’énigmatique Angkor, la mystérieuse baie d’Halong enveloppée de brume, la campagne balinaise, le dynamisme de Hong Kong et ses stands de nourriture parfumée, le Shanghai des années folles, les exécutions publiques des rues chinoises, l’incroyable Cité Interdite et l’imposante Grande Muraille, l’élégance immaculée des Coréens, la volupté des kimonos japonais, les jardins d’Okayama, l’avancée technologique du Japon et ses codes aux antipodes des nôtres.  Il aura l’honneur d’être décoré de « l’ordre du dragon d’Annam » pour service rendu à l’empereur du Viêt-Nam.

Il rentrera en France à la veille de la guerre avec l’envie certaine de retourner sur ces terres qui l’avaient profondément marqué et pour qui il avait un profond amour et un grand respect. Mais la guerre, les batailles et la déportation dans les camps suivis d’une grave maladie le paralysant  l’empêcheront de réaliser son rêve de retour en Extrême-Orient.

Aujourd’hui, ses albums personnels nous ont étés transmis ainsi que ses décorations, mais aussi son amour pour ces terres lointaines. Nous sommes donc partis sur ses traces là-bas, aux mêmes endroits où il avait témoigné de  son émerveillement 80 ans plus tôt, avec pour l’objectif de témoigner des transformations que ces territoires ont subis depuis. Des changements dans le paysage, aussi bien à Yokohama qu’à Saigon, mais aussi dans les modes de vie, les jeunes filles aux cheveux orange et aux bottes cloutées déambulant le long d’Insadong ont remplacé les femmes coréennes dans leurs hanbok immaculés de blanc sortant du temple Jogye.

Nous avons eu l’idée de faire correspondre les photos prises au cours de nos voyages en Extrême-Orient au XXIème siècle, avec celles de Julien SAUVADET au siècle dernier. Les spectateurs pourront être à leur tour, les témoins aussi bien des transformations multiples que nous venons de citer, mais aussi d’une certaine continuité à certains égards.  Saigon a bien changé, mais Angkor ou les jardins d’Okayama, eux, n’ont pas bougé.

C’est avec cette rupture entre continuité millénaire et changements rapides qui définissent si bien l’Asie Orientale du XXIème siècle que cette exposition s’inscrit comme un témoignage de l’Asie de toujours, d’hier et d’aujourd’hui. Avec les mêmes yeux de 20 ans que ceux de nos prédécesseurs.

 

Conférence_INALCO

 

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Academy of Korean studies Inalco Université Paris Diderot-Paris 7 EHESS