Appel à contributions

Appel à contributions : Accueillir l’imprévu dans l’enquête, 15 juin 2015

Si la réflexion sur le rôle de la sérendipité dans la démarche scientifique semble à l’ordre du jour dans les sciences humaines, on peut penser que l’imprévu ne prend sens qu’en regard des prévisions plus ou moins explicites des chercheurs. C’est sur cette tension que nous souhaitons réfléchir dans cette première livraison d’Ancrages. Nous nous contenterons ici de lancer quelques questions qui, sans prétendre à l’exhaustivité, peuvent lancer des réflexions que nous espérons fécondes et nombreuses.

Argumentaire
 
Si la réflexion sur le rôle de la sérendipité dans la démarche scientifique semble à l’ordre du jour dans les sciences humaines[1], on peut penser que l’imprévu ne prend sens qu’en regard des prévisions plus ou moins explicites des chercheurs. C’est sur cette tension que nous souhaitons réfléchir dans cette première livraison d’Ancrages. Nous nous contenterons ici de lancer quelques questions qui, sans prétendre à l’exhaustivité, peuvent lancer des réflexions que nous espérons fécondes et nombreuses.  
 
– Il serait absurde de nier la part d’attentes raisonnées qu’engage toute investigation empirique dans les sciences humaines et sociales. Partant de là, quelle que soit la place qu’on accorde à la vérification ou à la falsification empirique de ces prévisions, n’est ce pas dans une perspective de mise à l’épreuve et de prise de risques, qu’il faut comprendre le surgissement de l’imprévu ? Nous proposons aux contributeurs de mesurer les différentes dimensions de ces risques ainsi que de décrire les moyens qu’ils ont mis en place afin de les surmonter.
 
– L’élaboration de prévisions (plus ou moins explicitement pensées comme telles, à travers des protocoles d’observations, des grilles d’entretiens, etc.) n’est-elle pas le signe d’une professionnalité certaine, voire d’une intégration réussie à la « cité savante » ? Dans cette perspective, avant de se présenter comme une occasion d’expression de la sagacité d’un chercheur, la confrontation avec l’imprévu n’est-elle pas vécue comme une épreuve quasi personnelle mettant en jeu une définition de soi comme « professionnel compétent » ?
 
– L’hospitalité à l’imprévu n’est-elle pas sous tendue par une solide « bibliothèque de cas » constituée au cours de la formation initiale des chercheurs et renforcée par différentes expériences de terrain ? N’est-ce pas ce double ancrage qui rend possible une valorisation scientifique de l’imprévu ? Mais alors, ne risquons nous pas de survaloriser une capacité à saisir l’« instant décisif » voire d’adopter une sorte d’opportunisme épistémologique réduisant la découverte à la trouvaille ?
 
– Par certains côtés le surgissement de l’imprévu dans une enquête ne nous amène-t-il pas à affronter la question de l’instabilité, de la fragilité et donc de l’imprévisibilité « en soi » des phénomènes que nous observons ?
 
– L’enquête ne repose-t-elle pas sur l’élaboration, plus ou moins codifiée et explicitée, de scénarios qui précèdent et cadrent notre travail empirique ? En amont de ce qu’on a pu dire sur l’écriture ethnographique, la méthodologie de nos investigations empiriques ne repose-t-elle pas sur des fictions ? Ne faut-il pas mettre au jour la place de cet imaginaire afin de comprendre pleinement le rôle de l’imprévu ? Nous proposons en quelque sorte un exercice d’écriture explicitant cette part d’imaginaire plus ou moins formulée qui précède l’engagement empirique et face à laquelle prend sens l’imprévu. Qu’avions nous donc attendu avant le surgissement de l’inattendu; qu’avions nous anticipé ; quels étaient les effets escomptés dans le milieu professionnel de la recherche, de l’enseignement, de l’édition ?
 
Ainsi, la revue Ancrages souhaite nous permettre de réfléchir collectivement à ce qu’à peut bouleverser le surgissement de l’imprévu.
 
Modalité de soumission
 
Nous invitons les auteurs intéressés à soumettre une note d’intention d’une page avant le 15 juin 2015 en l’adressant à redaction@revue-ancrages.fr ; et à consulter les instructions aux auteurs à l’adresse suivante : http://www.revue-ancrages.fr
 
Calendrier
 
Note d’intention (1 page) : le 1er juillet 2015.

Réponse aux auteurs : 15 juillet 2015.
Articles en 1ère version : 15 novembre 2015.

Retour aux auteurs : 15 février 2016.
Article en 2ème version : 15 mars 2016.
Date envisagée pour la sortie du numéro : mai 2016.
 
Présentation et projet scientifique de la revue
 
Ancrages est une revue de recherche en sciences humaines et sociales publiant, en ligne, deux numéros thématiques par an. Elle est destinée aux chercheurs intéressés par la réflexion sur la démarche d’enquête. Son objectif n’est pas tant de fournir un arsenal d’outils et de recettes méthodologiques applicables à toutes sortes d’investigations, que de restituer des expériences de chercheurs issus de différentes disciplines et « engagés » sur des terrains aux contours multiples. Elle souhaite ainsi participer à la constitution d’une « bibliothèque de cas » (Tripier, 2007) permettant de mettre au jour et de réunir les savoir-faire et les postures trop souvent implicites des enquêteurs.
 
La ligne éditoriale de la revue ne s’inscrit pas dans une posture théorique particulière mais part plutôt d’un constat : celui de la fragilité du dispositif d’administration de la preuve dans les sciences sociales. Ancrages propose d’y remédier à sa mesure par une description fine des opérations de découvertes : Comment se négocie l’accès à un terrain ? Quelles formes concrètes peuvent prendre la tension entre décrire et raconter ? Par quel format d’écriture rendre publics les résultats d’une investigation ? Ou encore quelles sont les potentialités des technologies de l’information et de la communication dans la logique de découverte scientifique ? En somme, ce sont les différentes opérations engagées dans la démarche d’enquête et les nombreuses capacités d’ajustement qu’elle suppose qui constituent l’objet autour duquel s’élabore la revue.
 
Pour une présentation de la revue, voir l’adresse suivante : http://www.revue-ancrages.fr
 
Comité de rédaction
 
Sandrine BAUDRY, MCF en LEA Anglais, Université de Strasbourg, SEARCH.
 
Simon CALLA, ATER en Sociologie, Université de Franche-Comté, LASA-UFC.
 
Christian GUINCHARD, MCF HDR en Sociologie, Université de Franche-Comté, LASA-UFC.
 
Jean-François HAVARD, MCF en Sciences politiques, Université de Haute-Alsace, SAGE.
 
Laetitia OGORZELEC, MCF en Sociologie, Université de Franche-Comté, LASA-UFC.
 
 
Comité scientifique
 
Arnaud ESQUERRE, Sociologue, Chargé de recherche au CNRS, membre du LESC, Nanterre.
 
Laurence GUIGNARD, MCF en Histoire contemporaine, Université de Lorraine, membre du CRULH.
 
Jean-François LAÉ, PR en Sociologie, Université Paris 8, membre du GTM-CRESPPA UMR7217 – CNRS – Paris 8.
 
Jean-Marc WELLER, Sociologue, Chargé de recherche au CNRS, membre du LISIS (Laboratoire Interdisciplinaire Sciences Innovations Société), Université Paris-Est.

Appel à contributions

Pages

Academy of Korean studies Inalco Université Paris Diderot-Paris 7 EHESS