Littératures et censures en Asie
Appel à contribution pour Impressions d’Extrême-Orient 6
En ce moment-même, en République populaire de Chine, la pression sur les artistes et la censure étatique se fait de plus en plus sentir ; ailleurs, la police des lettres applique sa loi selon des modalités et une brutalité variables ; dans d’autres pays d’Asie, une liberté d’expression sans contrainte apparente semble s’être enfin installée : il nous a dès lors semblé intéressant de jeter un regard sur un phénomène ― la censure ―, qui a marqué, et marque toujours, l’immense espace asiatique depuis qu’on y écrit.
La multiplicité des expériences et des situations suscite une naturelle curiosité que le sixième numéro de la revue en ligne Impressions d’Extrême-Orient a l’ambition, non pas d’assouvir, mais d’alimenter en proposant des regards sur le sort fait à la littérature dans les différents pays qui font partie de son champ d’investigation ― Chine, Taiwan, Japon, Inde, Vietnam, Corée, Thaïlande ―, voire au-delà.
On explorera à travers des textes, de natures diverses et de toutes les époques, la censure sous tous les angles selon lesquels elle s’est manifestée, et la manière dont elle continue de s’appliquer dans l’espace littéraire asiatique. Aucune restriction ne sera appliquée au choix des textes que nous publierons, sinon, le respect des lois en vigueur dans notre pays, la nécessité d’avoir été traduits avec respect, présentés de manière pertinente, et d’illustrer un aspect du thème : littératures et censures en Asie.
Le thème pourra être envisagé selon différentes perspectives : celle du contrôle étatique, des tabous religieux, des impératifs du marché, voire même des cabales littéraires ou des proscriptions relatives aux mœurs ; on pourra également évoquer à travers des exemples, des procès littéraires, le poids du jugement critique, et pourquoi pas explorer la censure sous l’angle psychologique ; on pourra même montrer le rôle dynamique opéré sur la création littéraire par la censure, ou encore, se pencher sur la manière dont les traducteurs s’y confrontent et dialoguent avec elle.
On pourra donc proposer la traduction de textes, ou d’extraits d’œuvres, qui ont subi à une époque la censure dans leur pays d’origine ou qui la subissent encore, des textes qui jouent avec elle, en contournent les dictats ; on pourra aussi proposer des textes où se manifeste l’auto-censure, voire qui montrent comment certains auteurs offrent des œuvres à géométrie variable selon les lieux de publication, ou entourent leurs œuvres d’un méta-discours censé les mettre à l’abri, ― ou même des œuvres dans lesquelles les auteurs, qu’ils soient poètes, romanciers, dramaturges, critiques ou prosateurs, explorent les marges de l’expression littéraire, voire les dépassent.
Chacun est donc appelé à, selon la nécessité, sortir de l’index des ouvrages scandaleux ou faire émerger des productions circulant sous le manteau, ou encore à donner une visibilité accrue à des œuvres diffusées sur la Toile, etc.
Cette attention portée au sujet de la censure selon toutes ses manifestations, attention que l’on souhaite la plus riche et la plus ouverte possible, offrira des armes pour envisager le problème dans une optique encore plus vaste ― des événements récents ont montré que les problèmes de liberté d’expression pouvaient facilement mobiliser ceux qui, dans des espaces plus protégés, craignent de devoir la perdre un jour, et combien ceux qui en sont privés seraient heureux d’en profiter : souhaitons que le fruit de notre observation ne tombe jamais sous le coup d’une censure, ou pire d’une auto-censure, et se déploie dans une liberté que rien ne viendra brider.
Nous attendons des textes littéraires traduits, précédés d’une courte présentation donnant des informations sur l’œuvre, son auteur et les raisons qui ont conduit à le retenir.
Dans l’idéal, le texte sera inédit en traduction ; si ce n’est pas le cas, le traducteur devra justifier de la nécessité d’une nouvelle traduction. Pour les textes contemporains, le traducteur s’assurera au préalable de détenir l’autorisation de l’auteur pour la publication en ligne d’une traduction de son œuvre.
Le texte retenu sera soit un texte intégral (essai courte nouvelle, conte, récit, poésie), soit un extrait d’une œuvre plus ample (un chapitre de roman, par exemple) : la traduction n’excédera pas 20 feuillets de 1500 signes. Le traducteur fournira sa traduction sur un support informatique (Word [.doc] avec une copie en format .pdf) portant le minimum d’enrichissement stylistique ; avec les notes de bas de page, ainsi que le texte original en format .pdf (voir les recommandations aux auteurs : http://ideo.revues.org/203) ; celui-ci sera communiqué aux experts chargés d’évaluer la traduction et également mis à disposition des lecteurs de la revue. Le traducteur est libre dans le choix de l’appareil critique qui accompagnera son travail.
Il peut également proposer des documents annexes dont il détiendra, le cas échéant, les droits de reproductions (les fournir au format .jpeg)
Date limite de réception des propositions : 31 décembre 2015
Mise en ligne du numéro : juin 2016
Contacts :
Pierre Kaser : pierre.kaser@univ-amu.fr
Source : ChinElectrodoc