Appel à candidatures

Colloque « Genre et nations partitionnées », 15 septembre 2017

Colloque

« Genre et nations partitionnées »

 14 et 15 décembre 2017 – Maison des Sciences de l’Homme 

La « communauté imaginée » qu’est la nation mobilise les symboles les plus archétypaux pour se représenter dans les arts et les médias populaires et ces symboles sont le plus souvent genrés – que l’on pense à la Marianne de la jeune République française. En plus d’être l’écho du genre grammatical des valeurs de cette république dont elle est l’allégorie, Marianne est la figure de l’Alma Mater, à la fois nourricière et protectrice, qualités essentielles d’un Etat-nation ou d’un régime politique. Mais comment se pense une nation divisée politiquement par une partition ?

Allemagne, Inde-Pakistan-Bangladesh, Corée, Vietnam, Israël-Palestine, Yougoslavie – les cas de figure sont divers, mais montrent que la partition renvoie spontanément à des représentations polarisées autour de relations genrées et hiérarchisées. De manière allégorique, celle-ci peut prendre la figure du frère et de la sœur, de la mère et du fils, même si le plus souvent, l’image du couple marié ou amoureux cherchant à se réunir est prédominante. Cependant, le binôme à (ré)apparier n’est pas le seul mode de symbolisation genrée de la division nationale. La partition, en tant que processus même, génère des violences, qui sont fondamentalement structurantes des rapports homme-femme aussi bien au niveau des pratiques que des représentations (Ivekovic 1998 ; Das 1996 ; Spivak 1987). En particulier, les femmes, porteuses et garantes de l’identité ethnique, sont couramment l’objet de violences sexuelles. Le viol, l’humiliation, la souffrance, le deuil (mari, enfants) infligés aux femmes en situation de partition en font le symbole non plus seulement d’une partie, mais du tout de la Nation divisée. Les femmes sont ainsi souvent investies, dans ces situations de division, d’un enjeu symbolique où se jouent, en plus des identités genrées, les identités collectives et leurs représentations. Ces dernières sont rarement monolithiques et font elles-mêmes l’objet de combinaisons variées et concurrentes, révélant la dynamique qui se joue au niveau de l’imaginaire d’une communauté quand elle est confrontée à une division interne. Plus que des symboles isolés, ce sont des mises en récit complexes que nous devons appréhender dans leur diversité narrative.

Ce sont ces processus de symbolisation narrative, à la fois anthropologiques et historiques, que nous souhaitons analyser à travers les productions culturelles de pays en situation de partition. Nous espérons ainsi, par cette approche comparative, repérer des invariants tout en proposant des typologies narratives où la différence genrée, en particulier l’image des femmes, est requise, reproduite, peut-être transformée, afin de penser un autre type de différence, celle qui se cristallise quand une nation est divisée et séparée. Nous serons en particulier sensibles aux différentes formes de représentations en fonction de leurs modes de production (institutionnel, individuel), de leur diffusion et de leur réception, afin d’éviter la simple étude de contenu décontextualisée.

Ce colloque interdisciplinaire et comparatiste, qui souhaite accueillir spécialistes des littératures, des productions culturelles et de l’histoire des idées, historiens et anthropologues travaillant sur différentes aires culturelles et contextes historiques, vise à interroger les partitions et les divisions nationales d’un point de vue genré. Il s’intéressera particulièrement aux représentations comme témoin de ces assimilations imaginaires : littérature, cinéma, arts performatifs, arts plastiques seront les supports de nos réflexions.

Axes possibles :

Les communications proposées, d’une durée de 20 minutes, pourront porter sur les axes thématiques suivants :

  • Genre et partitions comparées ;
  • Représentations genrées de la nation partitionnée : littérature, cinéma, arts plastiques, arts performatifs ;
  • Imaginaires nationalistes du corps féminin ;
  • Guerre civile, colonisation et violence genrée ;
  • Genre et constitution des états-nations.
Modalité de soumission :

Les propositions, rédigées en français ou en anglais, comprendront un résumé de 300 mots environ et une notice biographique de 100 mots, sur une même page.

Elles sont à envoyer avant le 15 septembre 2017 à l’adresse suivante : anne.castaing@ehess.fr

Les résultats de l’appel seront notifiés entre le 30 septembre et le 15 octobre.

Organisation :

Anne Castaing (CNRS/CEIAS) et Benjamin Joinau (Hongik University, Séoul – CRC)

Comité scientifique à confirmer

Pages

Academy of Korean studies Inalco Université Paris Diderot-Paris 7 EHESS